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Impact News

« Bombé », est-ce un mal nécessaire ?
[Tribune de Molende MUTEBA]


Qui est celui qui lèvera son doigt pour dire qu’il n’a jamais été inquiété par les bandits de grand chemin ? Mieux, qui dira que personne parmi ses proches parents n’est point tombée dans l’embuscade de ses agrégats sociaux ? Personne !

D’une manière ou d’une autre, ces brigands nous ont causé du tord. Par leur activisme belliqueux, les familles ont été endeuillées. Plusieurs fois, le Gouvernement de la République s’est montré impuissant face à l’époustouflante montée de la criminalité urbaine orchestrée par ces derniers. Une situation difficile qui met à nu l’inefficacité des autorités publiques.

Opération likofi, une réponse efficace mais contestée

Essayant de contrer ce phénomène de société, une opération voulue de grande envergure fut lancée. « Opération likofi », c’est cette solution que l’Exécutif national a préconisé. Des descentes spectaculaires et musclées dans les Q/G de ces gangsters. Fouilles profondes dans leurs domiciles et d’autres lieux de campement.

Cette opération a créé la peur au chef de ces hommes car il y a eu des morts; malheureusement en violation des droits humains, chose qui a poussé les défenseurs des droits de l’homme de monter au créneau et de dénoncer ce carnage en plein 21 ème siècle.

Craignant des sanctions internationales, les autorités de la République démocratique du Congo étaient obligées de revenir sur leur décision, de reconsidérer leur approche.

Alors, c’est fût une bonne nouvelle pour les traqués des services de sécurité. Peu après, les atrocités ont rebondi. On aurait cru être en Afghanistan ou à l’Est de la RDC car il ne passait aucun jour sans avoir des nouvelles des tueries macabres de ces égarés. Se promener la nuit avec les objets de grande valeur tels que téléphones, bijoux et bien d’autres, c’était faire cadeau à ces bandits communément appelés Kuluna. Dans certains quartiers de Kinshasa, même en plein jour, ils opéraient sans craintes. Un état dans un État. De l’anarchie !

Entrée en danse de Service National

Le Service National, cette structure créée par le feu Président de la République Laurent Désiré Kabila, dirigé actuellement par le général Jean-Pierre Kasongo, a estimé utile la récupération sociale de ces jeunes désœuvrés.

Partant du fait que la prison n’aurait servi à rien quant à leur rééducation tant voulue, les responsables de ce service se sont résolus, en connivence avec d’autres autorités notamment celles de la police nationale et de la ville province de Kinshasa, de déverser ces jeunes au Service National loin de la ville de Kinshasa où ils ont eu l’habitude d’opérer; pour Kaniama Kasese dans la province de Haut Lomami.

Près de deux ans depuis le début de ces opérations, plus de 2000 Kuluna se sont déjà déportés pour ce centre qui se veut un endroit approprié de rééducation après l’échec des centres pénitentiaires notamment la prison centrale de Makala.

Pas plus tard que le week-end dernier (alors que nous sommes le 21 août), 310 Kuluna se sont ajoutés et sont désormais entre les bonnes mains pour leur lavage de cerveau.

Malheureusement, malgré toutes les actions précitées entreprises, aucune n’est arrivée à éradiquer totalement ce phénomène. Jusqu’à ce jour, ils sont encore là, ils causent du tord et terrorisent encore.

Et la « Bombé » s’invite

Ils prennent des substances aphrodisiaques, des liqueurs fortes et des drogues pour agir sans pitié. A chaque apparition d’une nouvelle boisson ou d’une nouvelle drogue, ils accourent…

Il n’a pas fallu longtemps pour que la « Reine » du moment, celle qui fait le buzz sur les réseaux sociaux tout comme dans les médias traditionnels puisse faire son écho.

Dans les quartiers périphériques de Kinshasa, bastions de ces Kuluna, on parle de « Bombé ». Nous sommes au premier trimestre de l’année 2021. Une drogue extraite des catalyseurs des véhicules mélangée aux tranquillisants et somnifères. Une drogue aux effets spéciaux, pour ne pas dire ahurissants.

Comme à chaque fois, ce sont ces jeunes gens déconnectés de réalités et de la conscience rationnelle qui en consomment. A la recherche de l’adrénaline plus que d’habituelle, ils sont tombés sur la « drogue Bombé ».

Le constat est qu’aujourd’hui, tous ses consommateurs manifestent des signes de démence et d’instabilité psychiatrique. Sûrement, une altération des facultés psycho-motrices et neuropsychologiques.

Une drogue qui assoiffe, une envie interminable de prendre de l’eau, de s’abreuver. Une drogue qui rend instable et incite à agir comme un fou ou détraqué mental. On a qu’à observer les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux : les hommes qui dorment debout pendant plusieurs minutes et qui bavent. On croirait certainement à un scénario cinématographique, alors que ce n’est pas virtuel, c’est tacitement réel.

Les Kuluna deviennent de plus en plus amorphes et inoffensifs. Affaiblis par la Bombé, ils sont pris au dépourvu de leur propre turpitude.

L’envie de chercher plus d’adrénaline est aujourd’hui ce piège qui les englouti et les éteint à petit feu. Ils sont nombreux, ces Kuluna qui aujourd’hui peuvent être malmenés et flanqués même par des petits enfants.

Alors nous nous demandons si la Bombé ne serait-elle pas un « mal nécessaire » dans la mesure où elle rend inoffensif et désarme les gens qui ont depuis belle lurette terrorisé la population. Ceux qui ont endeuillé plusieurs familles de Kinshasa.

Elle ne serait pas, la Bombé, ce fléau que le ciel utilise pour assainir la société congolaise ?

Partant des effets secondaires de cette drogue Bombé vus, et qui sont véhiculés sur les réseaux sociaux, nous pouvons dire qu’avec les efforts des autorités publiques par l’entremise de la police, du bon vouloir de Service National et du concours de la Bombé, le taux de criminalité dû à l’activisme des Kuluna pourra baisser. Et ce, au profit de la population victime!

MUTEBA KATSHITA Molende, Journaliste et Enseignant

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