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Camp-Luka, nouveau terrain politique des Unionistes Sacrés Kwangolais !

[ Tribune de Molende MUTEBA]


Camp-Luka, une agglomération située dans la commune de Ngaliema, l’une des plus huppées de la capitale congolaise, mais pauvre. C’est un bidonville extrêmement peuplé.

Selon les dernières statistiques de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de 2018, plus de cinquante mille âmes majeures y habitent.

Depuis la nuit de temps, ce quartier à prédominance Yaka a été toujours farouche aux pouvoirs en place. L’histoire remonte à l’ère coloniale où pour se défendre face aux injustices imposées par les colons belges, les notables Yaka créent le parti politique « Luka » fédérant ici à Kinshasa tous les ressortissants du grand Bandundu.

Voulant avoir leurs propres terres comme c’est le cas des Ne Kongo, le parti Luka arrive à récupérer certaines terres et à créer ses propres colonies où les Yaka [qualification générique de tous les ressortissants de Bandundu, Ndlr] seront paisiblement logés. C’est à cette lutte qu’ils conquirent et créèrent Binza Delavaux, Camp-Luka, Bumbu, Kingabwa, Masina, Ndjili, Kimbaseke, Kingasani, Ngaba et bien d’autres entités. Même aujourd’hui, toutes ces communes et quartiers restent dominés par les ressortissants de Bandundu quant à la démographie. La mosaïque culturelle et sociologique observée depuis presque deux décennies n’a pas encore changé la donne dans ces entités. Encore et toujours, les « Yaka » dominent malgré la faible ouverture à d’autres cultures.

Cet esprit conservateur ayant conduit les patriarches et notables Yaka de créer leurs cités ne semble pas s’effacer du tout. Une affaire de sang et d’esprit, c’est le moins que l’on puisse dire.

Tout le monde sait comment le district de Tsangu, aussi à prédominance Yaka est hostile à toute mouvance. Ce sont ces populations qui ont montré à la face du monde que les Congolais ne sont pas à badiner avec. Alors que le Rwanda avait un deal ourdi avec Laurent Désiré Kabila, un accord qui a permis aux Rwandais d’occuper les grands postes en RDC voire dans l’armée, ce sont les « Bana Tsangu » qui se sont levés, au premier discours de Laurent Désiré Kabila, pour pourchasser les Rwandais et les rapartier chez eux.

Ils étaient hostiles et déterminés. Ils ont laissé s’attiser en eux cette flamme patriotique pour restaurer la dignité congolaise. Personne ne saura oublier cette scène.

Ceci démontre qu’avoir les Yaka au près de soi, à Kinshasa, c’est gagné les élections et être à l’abri de toutes menaces politiciennes.

Il y a moins d’une semaine, alors que le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo rentrait de Lubumbashi où il s’était rendu rendre ses hommages à Kyungu Wakumwanza, un jour après la marche de Lamuka réprimée par les agents de l’ordre de la police nationale, les « Bana Tsangu » auraient bravé la peur au point de caillasser le cortège présidentiel.

C’est symbolique, l’acte posé. Bien qu’une infraction punissable du fait d’en vouloir à la première institution du pays, ces gens ont fait passer un message que malheureusement eux-mêmes ne sauraient peut-être pas décoder.
Tout est communication dit-on, ces hommes ont fait passer un message clair au Président Tshisekedi : « Nous ne sommes pas d’accord avec toi ».
Cette scène vécue par Félix Tshisekedi n’est pas la première qu’il ait vécue.

Novembre 2018, le premier jour de la campagne électorale, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo accompagné de Vital Kamerhe directeur de sa campagne électorale s’est résolu de débuter sa propagande au Camp-Luka. Sous une pluie battante, le cortège de Tshisekedi caillassé par les populations et est rentré sans même prononcer son discours.

Cette hostilité a été aussi à l’époque de Joseph Kabila. Alors qu’en désaccord profond avec Étienne Tshisekedi Président de l’UDPS, la Kabilie n’avait pas de place au Camp-Luka. La seule autorité pour cette population c’était « Ya Tshitshi ». Il ne suffisait que le sphinx de Limete ouvre sa bouche et à la minute, les rues s’innondent.

Tous les ouailles de Kabila qui ont battu campagne pour les joutes électorales de 2006 et 2011 en savent quelque chose.

Au pouvoir depuis le 24 janvier 2019, le Président Tshisekedi n’a pas su délivrer cette population de son esprit d’opposition radicale. Lui aussi en a eu pour son compte alors que déjà au pouvoir.

Après deux années tumultueuses avec le FCC, une relation contre nature qu’ont déploré plusieurs Congolais, le mariage est rompu. Il y a lieu que Tshisekedi se choisisse des nouveaux alliés. Il jette son dévolu à Christophe Mboso pour diriger la deuxième institution du pays, savoir l’Assemblée nationale.

Originaire de Kenge dans la province de Kwango, Mboso N’Kodia Pwanga se trouve être la pièce essentielle dans le processus d’endoctrinement des « Yaka » dans la vision de Félix Tshisekedi.
Hélas, Mboso n’est pas le seul leader Kwangolais. Jonathan Bialusuka Président de l’Alliance pour la Bonne Gouvernance, ABG, ex Ministre de pêche et élevage du Gouvernement Ilunkamba se pointe au premier plan, lui aussi membre de l’Union Sacrée. Tous cherchent à montrer à Félix Tshisekedi qu’ils sont leaders incontournables dans ce quartier. A côté d’eux, il y a de même les natifs de Camp-Luka politiques de second plan qui depuis un bon moment drainent la foule derrière eux. Cet affront de leadership les ébranlent car ils n’ont pas les moyens que les deux autres précités. Il s’agit de Kennedy Katasi Kiala, Daniel Mbuya, Chrispin Kololo, etc. Les gens tel que Samuel Mbemba, Mavungu Mbunga André, Augustin Salabia et Isangu Muteba se placent derrière leurs mentors. Les deux premiers derrière Mboso et les trois derniers derrière Jonathan Bialusuka.

Tous veulent conquérir les cœurs de ces ultra conservateurs. Pour se faire, par personnes interposées ou en chaire et en os, les vieux loups Unionistes Sacrés défilent au Camp-Luka comme à de la campagne électorale. Il ne passe pas une semaine sans un meeting populaire. Les coeurs battent !

Tout commence avec l’adhésion de l’ex PPRD Chrispin Kololo à l’AVC de Didier Budimbu. Ce Monsieur qui a trouvé grâce et bonheur au PPRD, n’a pas traîné les pas pour s’éjecter du navire Kabilien qui frôle la noyade. Par réalisme politique, comme aiment bien le dire nos politiques, alors que c’est de l’immortalité et de la transhumance politique, ce Monsieur adhère à l’Union Sacrée. Ce samedi là, le 4 septembre 2021, Camp-Luka était en ébullition. Trompette et tam-tam, sifflet dans la bouche, tout était bien préparé pour la réussite de l’événement. Ce jour-là, au Camp-Luka, on a parlé que de Chrispin. Comme disent les Kinois, « b’adversaires bapoli ».

Personne ne pouvait accepter cette défaite. A la minute, les banderoles sont hissés dans toutes les rues de Camp-Luka. Deux grandes activités pour la semaine suivante. Le 11 septembre le meeting populaire de Mboso et le 12 du même mois, soit 1 jour après Mboso, le meeting de Laurent Batumona qui vient en soutien à Daniel Mbuya, cadre de son parti.

Il fallait s’attendre à une mobilisation sans pareille ce samedi là, où le « Kisimbi dia Kwangu » devrait venir. On aurait cru que le Covid-19 s’était évaporé et quitté le pays. Les gens entassés comme des sardines, question de voir à quoi ressemble celui qui dirige l’Assemblée nationale. C’était une rencontre époustouflante! Le vieux a battu le record de Martin Fayulu. Seul message : « soutenons le Président Félix qui m’a choisi, moi Muyaka… »! Cette victoire vient renforcer les statistiques et le positionnement de Samuel Tanda, Directeur de Cabinet de Mboso et André Mavungu, Président a.i de CRD car natifs de ce quartier.

Moins de 24 heures après le passage de Mboso, c’est Laurent Batumona qui prend le relais. Derrière lui il y a un autre natif de Camp-Luka, Daniel Mbuya qui essaie de prendre sa revanche sur les autres. Le moins quel l’on puisse dire, c’était une réussite totale. Camp-Luka « ebugeaki ».

A ce stade, le match devient difficile. Plus question des locaux, il faut des professionnels, des grands « Ngolo »!

Également son fief, Jonathan Bialusuka s’affole. Il voit ses espoirs de séduire la diligence de Tshisekedi suite à la marré humaine qu’il draine derrière lui s’envoler. Il improvise lui aussi un meeting populaire le samedi 18 septembre. Comme pour les trois précédents, une réussite. Une foule immense amadouée par les billets de banque. Une stratégie utilisée sans doute par ses prédécesseurs.

A qui le prochain tour ?
A l’approche de la nomination des mandataires publics, alors que la province de Kwango n’est pas représentée au Gouvernement Sama Lukonde, tous, sans distinction aucune, ne jurent que sur la mandature publique. Et le terrain pouvant le permettre d’y arriver, c’est Camp-Luka. Tous les leaders Kwangolais ne jurent que sur la nomination prochaine car c’est le dernier repas vespéral pour ce premier mandat de Fatshi.

Tous les coups étant permis, aucun Unioniste Sacré serait prêt à quitter le terrain,Camp-Luka !
Et ce qui est certain, le match ne vient que de commencer. L’avenir nous réserve plus et plusieurs reviendront en encore

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