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Impact News

Exécutifs provinciaux :
Tension politique entre gouverneurs et les Assemblées provinciales !

Depuis le 03 Janvier 2020 une convocation des gouverneurs et des Présidents des Assemblées provinciales de 4 provinces a été émise par l’ex-VPM de l’intérieur Gilbert Kankonde Malamba, après que ces derniers soient destitués par l’exécutif provincial de chacune des provinces suite à des motions adressées à leur endroit. Plusieurs d’entre eux notamment le gouvernement du Congo Central, de l’Ituri et de Sankuru par exemple, furent tous réhabilité de leurs fonctions par ce dernier. Ce même imbroglio est constaté tout au début de cette année, d’après le Professeur des sciences politiques et administratives Djeef Mudimbi contacté par la rédaction, « beaucoup d’entre les gouverneurs sont reprochés de beaucoup des griefs entre autres : détournements des deniers publics, gestion opaque, incompétence, manque d’éthique et probités morales, l’absence de la capacité managériale et pragmatique.»
Depuis la mise en place du nouveau courant idéologique dit « union sacrée de la nation », une crise politique prend la forme dans presque toutes les provinces de la République entre précisément les Gouverneurs, vice-gouverneurs, Présidents des Assemblées provinciales et membres du bureau. Une tension sans précèdent dont l’expert en décentralisation Gérôme Mboso, dit « craindre une fusion d’une véritable crise politique généralisée dans les exécutifs provinciaux que le gouvernement central ne saura jamais digérer étant donné qu’une éventuelle autre crise qui se vit au niveau de l’Assemblée nationale avec les députés se déclarant ″révolutionnaires″ demeure qu’une probabilité,» a-t-il conclu.
En cours d’un mois, trois gouverneurs sont destitués de leurs fonctions par leurs Assemblées provinciales, il s’agit notamment du gouverneur Jean Maweja Muteba du Kasaï-Oriental, Jean Bamanisa Saïdi de l’Ituri et Louis-Marie Lufungula de la Tshopo, celui-ci qui a par ailleurs saisi la cour constitutionnelle après sa destitution et de tout son gouvernement par 17 députés jeudi 15 avril 2021.
Joseph Lulu Kitenge et Alvard Lobulé Kaluta respectivement Président et vice-Président de l’Assemblée provinciale du Tanganyika par contre ont été destitués de leurs fonctions ce jeudi 15 avril à Kalemie.
C’était au cours d’une séance plénière mouvementée et convoquée par le rapporteur de cet organe délibérant en vue de statuer sur les pétitions qui visaient ces derniers alors membres respectif de l’organe délibérant, encore restés fidèles à Zoé Kabila Mwanza Mbala, gouverneur et responsable du Front commun pour le Congo dans ladite province.
A priori la déchéance de ces deux respectivement membres du bureau, la dernière séance s’était soldée par des bagarres généralisées entre députés de l’USN et ceux du FCC autour de ces pétitions. Le camp FCC n’était pas d’avis en dépit du fait que un viseur (union sacrée) de la pétition puisse convoquer la plénière alors étant concerné par celle-ci contre lui par le camp FCC. C’est dans cette tournure que les chaises et tables de cet organe délibérant avaient été cassées, a expliqué ici Cyrille Kimpu un de 13 députés de l’union sacrée au Tanganyika.
Eu égard à toutes ses tensions, le Gouverneur Ngwabidje du Sud-Kivu a dans sa sortie médiatique rappelé que : «les turbulences politiques bloquent souvent et bloqueront toujours le développement des provinces tant qu’elles persistent.» et prend position en se justifiant aux accusations dont il fait l’objet de détournements de fonds alloués à la construction de quatre ponts à kalehe. 
Par ailleurs, le jeudi 01 Avril 2021 Jean Maweja Muteba a été aussi destitué de ses fonctions après motion déposée contre sa personne par 13 députés provinciaux lors d’une séance plénière consacrée à la circonstance à cause notamment de détournement des deniers publics, manque de révérence à l’exécutif provincial, gestion opaque et incompétence notoire.
L’Assemblée provinciale du Kasaï-Oriental a dans une correspondance adressée au directeur provincial de la Banque Centrale du Congo « BCC » à Mbuji-Mayi, annoncé la suspension de tous les flux dans les comptes de la province. A cette occasion, elle a rappelé que le Gouverneur Maweja Muteba qui a été destitué depuis le jeudi 1er avril 2021, a perdu le pouvoir de l’ordonnateur des dépenses publiques de la province et ne peut plus mettre en mouvement les comptes de la province ni déléguer quelqu’un d’autre en qualité de gouverneur ni encore moins les engager en attendant la remise et reprise avec le vice-gouverneur pour l’intérim, d’après elle.
Le vice-gouverneur de la ville-province de Kinshasa destitué de ses fonctions suite à une motion le 10 avril 2021 par 33 députés, ces derniers lui reproche le manque de respect vis-à-vis des élus et outrage à l’organe délibérant. Cette démarche est intervenue après la réhabilitation dans ses droits du Président de cet organe en la personne de Godé Mpoyi, qui a été visé lui aussi par une pétition.
Toutes ses tensions au niveau provincial ne sont que la précipitation en l’absence d’une bonne politique organisationnelle sur la décentralisation. Or « La décentralisation vise à contribuer à la promotion d’un développement humain durable et à la prévention des risques de conflit. Il s’agit aussi de créer de meilleures conditions de développement et l’enracinement de la démocratie locale, » d’après Jean Paul Mulyanga, PO Gouvernance/Décentralisation.
Les sociétés ne se contentent pas seulement de sombrer dans le conflit et le désordre sans raison. Nous savons maintenant qu’il y’a un lien étroit entre la pauvreté, la marginalisation et les conflits politiques, économiques et sociaux. Alors que nombre des interventions internationales et de recherche dans les zones de conflit, consolidation de la paix et de la gouvernance ont porté à ce jour sur les élites et les institutions nationales, des recherches récentes mettent l’accent sur l’importance des tensions locales dans l’aggravation de la violence dans la plupart des situations de conflit et post-conflit. Deux facteurs sont particulièrement importants à cet égard : la perte de la légitimité, de l’autorité et du contrôle de l’État au niveau local, et l’accès inégal aux ressources, aux services et aux besoins de base entre et à travers les différents groupes menant aux griefs et aux rivalités locales.
Ces deux facteurs mettent en évidence l’importance des mécanismes de gouvernance locale « formelle ou informelle » à ouvrir un espace politique aux groupes jusqu’alors marginalisés pour qu’ils participent activement et s’approprient la prise de décisions et de priorités pour le développement local.
Bien que ces mécanismes soient explicitement conçus pour ouvrir ces espaces, en fonction de la façon dont ils sont compris, mobilisés et soutenus, ils peuvent également reproduire et renforcer les inégalités économiques, sociales et politiques existantes. L’ampleur avec laquelle ces mécanismes transforment et/ou limitent l’espace politique en RDC est l’objet de la présente réflexion.


Edouard Tshiama

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