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Mingiedi Mbala N’zeteke « Mingiedi bar » et le jeune journaliste



Ça faisait fort longtemps depuis que le jeune Mingiendi Mbala a quitté sa terre natale l’Angola pour fuir l’opresseur portugais pour se réfugier dans le Congo-Belge voisin . Il va s’installer à Thysville( Mbanza ngungu) en faisant de petits boulots avant de se lancer dans le commerce. Il sillonnait toute la contrée avec ses marchandises jusqu’à Pointe -noire la ville économique de Congo -français. Brazzaville.

Et finalement, il va s’installer à Léopoldville la capitale du Congo-Belge . Il va posséder un bar, des boutiques, salle de projection de cinéma etc..

Son bar ,le  »Mingiedi bar  » sera parmi les plus réputés de la capitale et de la commune de Dendale aujourd’hui Kasavubu. Ce bar servait de cadre aux concerts des orchestres de la capitale, aux réunions de l’Abako une association socio-culturelle des Bakongo créée en 1950 ,mais aussi aux réunions du club de football Victoria-Club , le V.Club de Léopoldville créé en 1935 dans lequel le maître de céans Mingiedi Mbala fut un membre très influent ,donateur et tuteur depuis les années 40 . Ce dernier fera de V.Club son affaire personnelle. Il détenait les secrets du club . Tous les conflits au sein du club étaient résolus chez Mingiedi -Bar, voire les linges sales aussi. On va lui attribuer même les pouvoirs mystiques.

Mingiedi bar situé en pleine cité indigène deviendra un endroit très fréquenté par toutes les couches sociales de l’époque. Un jeune journaliste va commencer à fréquenter assidument l’endroit pour ses articles et pour ramasser des informations ,âgé d’une vingtaine d’années portant des lunettes ,taille élancée , il venait de terminer ses 7 ans de conscription dans la Force -publique l’armée coloniale, il se cherchait une nouvelle voie . Il va intégrer ce nouveau milieu naturellement, il était parmi les clients du bar ,mais encore un membre sympathisant de l’équipe V.Club . Il s’acquittait de ses cotisations tant bien que mal . Il ne roulait pas sur l’or. Dans le cahier de comptabilité, il lui restait encore des dettes à payer. Les fréquentations de jeune journaliste chez Mingiedi bar , vont lui permettre d’élargir son cercle d’amis et son carnet d’adresses.

La décennie 50 sera très mouvementée partout en Afrique. Surtout avec la prise des consciences des Africains et le vent des indépendances venu du Ghana et Guinée -Conakry . Après la conférence panafricaine d’Accra en 1958 , les choses vont s’accélérer, Diomi Diogas, Patrice Lumumba , Joseph Kasavubu vont se radicaliser dès leur retour au pays . L’indépendance ou rien. Comme conséquence : le soulèvement populaire de 4 janvier 1959. Avec le parti Abako comme fer de lance de la révolution. Les Bakongo d’Angola et ceux du Congo-belge sur le front du combat.


Tous les leaders Bakongo ainsi que les meneurs seront traqués, recherchés par la sûreté belge selon les fichiers des informations. D’après les rumeurs, Mingiedi Mbala ira se réfugier à Songololo , d’autres parlaient de lui à Brazzaville avec la complicité de ses frères Bakongo . Plus de 16 membres de l’Abako seront jugés et relaxés , parmi lesquels Joseph Kasavubu et autre Nzeza Landu . La solidarité de Bakongo était tellement forte qu’ ils avaient tous cotisés pour payer les honoraires des avocats venus des barreaux de Paris et Bruxelles. Le futur président de Congo -Brazzaville Fulbert Youlou un mukongo d’en face joua un rôle très très important. Il s’impliquera totalement. Dans le cadre de  » mika mya mbwa, lekela mu mosi,lemvukila mu mosi »la devise de l’Abako.

Le 30 juin 1960, le Congo-Belge devint indépendant

Le Mingiedi -bar était devenu un lieu symbolique ,mais le combat initial de Mingiedi Mbala, celui de l’indépendance de l’Angola ne faisait que commencer. Il souhaitait être enterré en Angola la terre de ses ancêtres après sa mort. Mais la guerre ayant suivi l’indépendance de l’Angola en novembre 1975 avait fini par compliquer les choses plus la guerre civile entre le Mpla et l’Unita de Jonas Savimbi. Une guerre qui a causé des millions de morts, des déplacés et handicapés pendant 25 ans. Mingiedi Mbala avait financé les mouvements de libération de l’Angola qui étaient à Léopoldville . Et qui fut un moment la base-arrière de tous les leaders indépendantistes angolais. Kinkuzu comme camp d’entraînement de futurs maquisards.

Mingiedi Mbala le V.Clubien fut un patriarche avec plusieurs enfants et petits enfants , plus d’une centaine.
Luambo Franco l’avait immortalisé dans une chanson fin des années 50 début 60, une chanson qui fut un hymne national lorsque le patriarche Mingiedi faisait son entrée au stade pour supporter son équipe du coeur . Kibonge le capitaine mythique me dira :  »Après une rencontre de V.Club je passais le saluer, car il n’avait plus la force de venir au stade. En me voyant il était très content, il faisait tout pour me donner un petit cadeau. Ça me gênait alors que je voulais simplement le saluer et lui témoigner ma gratitude ».

Et le jeune journaliste , qu’était-il devenu ? Disparu? Non , le jeune journaliste n’était autre que Joseph -Désiré Mobutu le futur Mobutu Sese Seko , l’homme qui régna 32 ans à la tête de la république du Zaïre . L’homme qui avait laissé son nom sur la liste des créances de Mingiedi-bar . Qui, informé du décès de patriarche Mingiedi Mbala début des années 90 , va s’impliquer pour que ce dernier soit enterré avec tous honneurs possibles en lui octroyant un grand espace au cimetière de la Gombe . La volonté du patriarche celle de ramener ses restes en Angola la terre de ses ancêtres sera-t-elle respectée un jour ? Seule sa descendance décidera . Quant à moi, je souhaiterais qu’il reste auprès de son V.Club . Mingiedi Mbala ou l’exemple d’une intégration réussie . Mingiedi en kikongo : Miguel en portugais et Michel en français . Il est mort centenaire.

 »Eee ya Mbala , eee ya Mbala kukuna kukuni kuna kwe eee ya Mbala ..
Ukumuna mundele mbadi, ukumuna sigaleti ,ukumuna masekusu..Mbala , Mbala ,Mingiedi »…..



DARY ABEGA & CHARLIE MINGIEDI

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