Alors invité à l’Hexagone pour participer au sommet sur le financement des économies africaines, Paul Kagame n’a pas caché sa rancune contre le gynécologue congolais et Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege lors d’un entretien accordé à France 24 et Rfi.
D’aucuns n’ignorent depuis très longtemps qu’entre le Président du pays de Mille Collines, Paul Kagame et le gynécologue Dr Denis Mukwege qu’aucune relation n’allait de bon sens. En toile de fond, l’engagement de ce dernier dans la lutte contre l’impunité sur les crimes commis sur le sol congolais dont une majeure partie a été recensée dans le Rapport Mapping des Nations Unies.
Comme dit-on : « Qui se sent morveux se mouche ». Le dirigeant rwandais se sent en quelque sorte visé par le combat de celui qui n’a jamais eu peur de dénoncer les tueries perpétrées dans l’Est de la RDC par de groupes armés sur fond de l’exploitation minière.
« Le rapport du projet Mapping a été extrêmement controversé. En réalité, il a été hautement contesté par les gens en RDC ou dans les pays voisins. Il a été très politisé », a-t-il lancé.
Alors qu’il venait d’échanger avec son homologue congolais Félix Tshisekedi, Paul Kagame s’en est pris au Dr Denis Mukwege, un symbole national et une icône de la lutte contre la liberté en ces termes: « Mukwege devient un symbole, un outil de ces forces qu’on ne perçoit pas. Il reçoit le Prix Nobel et on lui dit quoi dire. »
Quelle méchanceté de la part de ce dirigeant dont le pays a apporté son soutien à l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri!
En clair, celui qui dirige le pays de Mille Collines depuis 2000 supporte mal le combat du gynécologue Denis Mukwege, qui continue à rallier de plus en plus de congolais. Du coup, il craindrait pour les intérêts, essentiellement économiques de son pays que beaucoup de congolais accusent d’exploiter des minerais dans l’est de la RDC, raison d’être de tous ces massacres.
Alors qu’il répondait aux questions des journalistes mercredi 19 mai 2021 à l’Hexagone en rapport avec les propos qualifiés des « négationnistes » et « désobligeants » de son homologue Kagame, le Président Felix-Antoine Tshisekedi précise que :
« Le rapport mapping a été élaboré par des experts des Nations-Unies (NDLR : sur les crimes commis entre 1993 et 2003 dans l’est de la RDC). La République Démocratique du Congo continue à croire qu’un jour justice sera faite à toutes les victimes de ces violences dans l’est de mon pays », a répondu le Président Felix Tshisekedi.
Il s’agissait ainsi au récent propos de son homologue rwandais, Paul Kagame, pour qu’ « il n’y a pas eu de crimes″ commis dans l’est de la RDC.
« Je n’ai pas polémique à faire. Je n’ai pas à utiliser les médias pour répondre au Président Kagame. J’ai d’autres voies, et je les utiliserai, pour lui parler », a déclaré le chef de l’Etat congolais avant de poursuivre.
Felix Tshisekedi tient à ce que ″la paix et la sécurité règnent à l’est de la République Démocratique du Congo. Car Il appartiendra à la justice de désigner les coupables. »
Dans une interview accordée la veille à la Rfi et France 24, Paul Kagame a affirmé qu’ »il n’y a pas des crimes.
Absolument pas. C’est la théorie du double génocide qui avait l’œuvre. »
Le Rapport Mapping publié par le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme en 2010, recensé par ordre chronologique et par province 617 « incidents » des crimes des guerres, des crimes contre l’humanité et des possibles crimes de génocides commis entre 1993 et 2003.
Cette période couvre les deux guerres de la RDC qui avaient impliqué jusqu’à neuf armées étrangères, dont les troupes rwandaises.
″Dr Denis Mukwege, la fierté nationale ».
Le docteur Denis, prix noble de la paix, figure parmi ceux qui plaident en faveur de la reconnaissance des crimes commis pendant ces deux guerres. Mais, le Président du pays de Mille Collines l’accuse d’être « un outil de forces que l’on ne voit pas. »
Pour sa part, Tshisekedi Tshilombo a déclaré à ce sujet :
« Dr Dénis Mukwege est une fierté nationale ». Il a toute mon
affection et notre reconnaissance pour le travail qu’il fait
au près des victimes’’, a-t-il conclu.
Edouard Tshiama
