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RDC : L’éducation de base otage des nouvelles lignes politiques de l’Église catholique ?


Par Jean-Chrysostome Luntadila

L’église catholique s’est réveillée bien tôt pour tacler le nouveau régime dans l’une des réalisations la plus concrète : la gratuité de l’enseignement de base, l’éducation des enfants touchant la sensibilité des parents donc des citoyens. Visiblement, les divergences actuelles sur la marche politique liée au processus de désignation des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) semblent se transporter dans le milieu du sous-secteur de l’éducation, à savoir : l’enseignement primaire.

Pendant que les membres du gouvernement, le Vice-premier ministre de la Fonction publique, le ministre d’Etat en charge du Budget, le ministre de l’Emploi et prévoyance sociale, le ministre de l’EPST, ont acclamé l’accord à mi-parcours trouvé avec l’intersyndicale des enseignants pour une nouvelle rentrée scolaire dans un climat apaisée, les gestionnaires des écoles conventionnées catholiques s’apprêtaient à la saboter. Cet accord ne marquait pourtant pas un point final aux négociations entre le banc syndical et le gouvernement.

A l’ouverture de la commission paritaire syndical-gouvernement, l’intersyndicale des enseignants avait imposé les préalables avant la reprise de cours. Dans le souci de parachever l’addendum du protocole d’accord de Bibwa, tout en saluant les efforts inlassables réalisés par le gouvernement, les professionnels de la craie revendiquent : la paie du nouveau barème ; la paie des Nouvelles unités ; la suppression des zones salariales ; la réactivation des écoles désactivées ; la construction des nouvelles écoles et salles de classe ; l’effectivité de la caisse de la retraite des enseignants ; l’extension de la Mutuelle de santé des enseignants (MESP) dans d’autres provinces de la RDC. Le représentant des enseignants a reconnu la bonne foi du gouvernement d’avoir ouvert ces assises une semaine avant la rentrée scolaire.

Au-delà des avantages liés à la gratuité de l’enseignement de base, le gouvernement a résolu de compléter la prime de brousse qui se paie déjà à la moitié et un ajout sur salaire pour plus de 600 000 enseignants en attendant la signature finale d’un nouvel accord en remplacement de l’accord de Bibwa. Depuis cet accord, aucun mouvement syndical officiel n’a contredit ces avancées.

Curieusement et contre toute attente des parties prenantes aux négociations gouvernement-banc syndical, une grève « illégale » d’origine inconnue et sans préavis refait surface et surprend tous les parents d’élèves qui suivaient cette actualité au quotidien. A partir de Mbuji-Mayi où il a lancé l’année scolaire 2021-2022, le professeur Tony Mwaba a mis en garde les enseignants en phase d’amorcer une grève irrégulière et illégale.

En lieu et place des structures professionnelles des enseignants réagissent, c’est plutôt le Cardinal de l’église catholique qui répond au ministre de tutelle. Mgr Fridolin Ambongo réclame un dialogue franc et sincère entre les enseignants et le gouvernement congolais. Le prélat semble mettre de côté malicieusement le cadre des négociations rendu permanent une semaine avant la rentrée.

De quel dialogue parle le Cardinal ?

Au lendemain de la mise en exécution de la gratuité de l’enseignement de base, soit l’année scolaire 2019-2020, le cardinal Fridolin Ambongo était allé convaincre le chef de l’Etat Félix Tshisekedi pour autoriser la gestion de la paie des enseignants des écoles conventionnées catholiques par la structure Caritas. Une démarche qui n’a pas enchantée la vision que le président de la république comptait avoir sur la gratuité. Cela devait au contraire créer un dysfonctionnement criant dans le fichier de paie des enseignants à peine confectionné. Le gouvernement avait déconseillé cette proposition du Cardinal Ambongo. Le dialogue autour de cette demande du Cardinal n’avait plus jamais abouti. Mais aussi il faut relever que cette démarche n’entrait pas en compte sur le chapelet de revendications des enseignants eux-mêmes.

La gratuité ou victime des visées politiques de l’église catholique

Si les immiscions de l’Eglise catholique dans la marche politique du pays n’ont jamais gêné, parce qu’étant partie prenante, en matière technique des revendications exclusivement réservées aux enseignants posent de très sérieux problèmes. Comment expliquer que l’Église universelle déjà en bras de fer avec d’autres confessions religieuses du pays se retrouve subitement syndicaliste des enseignants ? L’interlocuteur valable des enseignants s’appelle syndicaliste et non le Cardinal, moins encore la CENCO (Ndlr : Conférence Episcopale Nationale du Congo).

D’après nombreux analystes de la scène politique du pays, la question de la désignation du futur président de la Centrale électorale qui a mis les évêques catholiques chaos pour la énième fois, n’est pas à confondre avec la gratuité de l’enseignement de base, ni les démarches des enseignants vis-à-vis de son employeur (l’Etat congolais). Les prélats catholiques feraient mieux de ne pas manipuler les enseignants dont les revendications sont connues de tous.

Le gouvernement, touché par le souci des parents d’élèves déjà en situation socio-économique difficile, venait encore d’accéder à l’un des points majeurs de revendications des enseignants à savoir : la réactivation des écoles désactivées après le contrôle rigoureux de la viabilité des écoles et salles de classe. Le ministre Tony Mwaba, professeur comme tant d’autres qui revendiquent devient une victime expiateur des revendications politiques qui ne rentrent pas dans son ressort.

Ce lundi marque le début de la troisième semaine après l’annonce de la rentrée scolaire, les parents d’élèves qui étudient dans certaines écoles catholiques sont allés manifester devant le cabinet du ministre Tony Mwaba. Sans baisser les bras, le ministre promet de ne pas abandonner sa vision axée sur le redressement du système éducatif et la rigueur. « Les enseignants en grève illégale injustifiée seront sanctionnés ! », a-t-il insisté.

Le gouvernement réuni en conseil des ministres a annoncé la signature d’un arrêté interministériel pour la reprise de la commission paritaire d’ici la fin de cette semaine.

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