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Sans data centers, pas de souveraineté numérique africaine




L’Afrique concentre à peine un peu plus de 1 % des data centers de la planète. De quoi fragiliser la souveraineté numérique du continent. Qu’attendent les dirigeants africains pour réagir ?

Ils sont moins d’un centaine sur le continent. Pire, c’est l’Afrique du Sud qui en accueille la majorité. Certes, des projets de data centers existent sur le continent, comme à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville ou à Douala au Cameroun, où ST Digital a ouvert un centre de données. Mais on est loin du compte. Fin 2020, l’Afrique concentrait 1,3 % des data centers mondiaux. Les data centers, ce sont les lieux qui regroupent des équipements informatiques, principalement des serveurs. Avec une utilité non négligeable : stocker des informations. Faute de data centers, les pays africains sous-traitent le stockage des données principalement en Europe et aux Etats-Unis.

La raison à ce manque d’ambitions réside principalement dans l’accès à l’énergie : gros consommateurs d’énergies, les data centers sont plus facilement installés dans les pays froids. Ce n’est pas l’Islande qui contredira ce constat. Mais l’Occident a sorti de terre de nombreux data centers également à cause de la proximité des populations consommatrices et productrices de données. Mais voilà, internet est forcément appelé à se développer encore un peu plus sur le continent africain. Un véritable défi pour l’Afrique : « Nous en sommes encore au début de l’Histoire parce que le cadre légal est encore à définir. La RGPD (règlement général sur la protection des données) n’est pas vraiment développée en Afrique qui, par ailleurs, doit faire face au défi des infrastructures », résume Jean-Michel Huet, dans une interview à La Tribune.

13 pays signataires de la Convention Malabo
L’auteur de « Afrique & numérique : comprendre les catalyseurs du digital en Afrique » estime que le data center sera au centre de la stratégie numérique du continent dans les années à venir. « Qui dit ‘données’, dit infrastructures de stockage. Or, pour se doter de data centers, il faut disposer de l’énergie suffisante pour les refroidir… Il existe de vrais enjeux autour des données, notamment personnelles », ajoute-t-il. Et en cette période de Covid-19, insiste Jean-Michel Huet, « les enjeux liés à l’identité numérique des citoyens » ont été révélés. L’auteur en est certain : « C’est devenu l’un des grands sujets des années à venir car la gestion des data peut avoir de vrais impacts économiques et sociaux en Afrique ».

Autrement dit : les pays africains peuvent-ils encore sous-traiter la gestion de leurs données en Occident ? La réponse est clairement non. Car la souveraineté digitale de l’Afrique passe bien évidemment par une autonomie en matière de data. Reste que le retard sera difficile à rattraper. Pendant des années, la problématique des données personnelles n’a pas réellement été au centre des préoccupations africaines, à la différence de l’Europe ou des Etats-Unis. Le manque d’équipement sur place et l’absence d’une législation dédiée sont les conséquences directes du manque de volonté politique des gouvernants africains. Résultat : le continent est aujourd’hui dépendant numériquement du reste du monde. Fin 2020, à peine trois pays — le Sénégal, le Togo et Maurice — avaient lancé des projets pour mettre en œuvre la convention de l’Union africaine concernant la cybersécurité et la protection des données personnelles. Seuls 13 pays du continent ont d’ailleurs signé la Convention de Malabo*.

* La Convention de Malabo prévoit que « chaque État partie s’engage à mettre en place un cadre juridique ayant pour objet de renforcer les droits fondamentaux et les libertés publiques, notamment la protection des données physiques et de réprimer toute infraction relative à toute atteinte à la vie privée sans préjudice du principe de la liberté de circulation des données à caractère personnel ». Ce dispositif, poursuit la Convention, « doit garantir que tout traitement, sous quelque forme que ce soit, respecte les libertés et droits fondamentaux des personnes physiques tout en prenant en compte les prérogatives de l’État, les droits des collectivités locales et les buts pour lesquels les entreprises ont été créées ».

Journal de l’Afrique

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