Invité comme panéliste au colloque marquant le 50ᵉ anniversaire de l’Institut Supérieur d’Informatique, de Programmation et d’Analyse (ISIPA), le professeur Godefroy Kizaba, Directeur général de l’Agence Nationale de Développement de l’Entrepreneuriat Congolais (ANADEC), a plaidé pour la promotion des petits métiers, essentiels selon lui à la construction de grandes nations.


L’événement s’est déroulé à la salle de conférences Silikin, dans la commune de la Gombe, ce lundi 10 novembre 2025.
Prenant la parole en tant que Professeur ordinaire d’université et Directeur général de l’ANADEC, le professeur Kizaba a en présence de plusieurs universitaires, étudiants et acteurs du monde entrepreneurial illustré son propos par des exemples de la vie quotidienne : « Chacun de nous a mangé un morceau de pain sans se demander qui l’a fabriqué. Nos véhicules roulent grâce aux pneus réparés par des artisans que nous ne connaissons pas », a-t-il fait remarquer.
Selon lui, ces réalités montrent que les petits métiers, souvent négligés, constituent pourtant la base du développement économique. Il a ainsi exhorté les jeunes à s’orienter vers les formations techniques et professionnelles, rappelant que ces filières ont permis à plusieurs nations de se hisser parmi les plus développées.
Abordant la question de l’orientation académique, le professeur Kizaba a dénoncé la perception selon laquelle seuls les diplômés universitaires méritent la reconnaissance sociale, au détriment de ceux issus des instituts supérieurs ou des écoles techniques.
« Pendant que nous valorisons exclusivement l’université, les pays occidentaux, eux, encouragent leurs enfants à apprendre un métier. Résultat : ils créent de la valeur, tandis que chez nous, il y a une rupture entre l’université et le marché de l’emploi », a-t-il regretté.
Le Doyen de la Faculté de droit de l’Université de Bunia a également critiqué la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-Doctorat) en RDC, estimant que les charges horaires trop lourdes (90 à 120 heures de cours) laissent peu de place à la pratique, contrairement aux modèles étrangers où les étudiants consacrent l’essentiel de leur temps à l’application concrète des connaissances.
Pour le numéro un de l’ANADEC, la création d’emplois durables passe nécessairement par une synergie entre le monde académique et les entreprises.
« Nous devons permettre aux entreprises d’entrer dans les universités, de proposer leurs projets aux étudiants et d’obtenir des solutions innovantes. Cela suppose la mise en place d’incubateurs dans nos institutions d’enseignement supérieur », a-t-il conclu.
Son intervention a été longuement applaudie par l’assistance, soulignant la pertinence de son appel à une réorientation du système éducatif congolais vers les métiers pratiques, sources de développement et d’autonomie économique.
Fadi Ndanga