Kabila à Nairobi : La bataille invisible pour le leadership d’une opposition sans boussole
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Entre calcul politique et confusion stratégique, l’opposition congolaise peine à se trouver un chef de file tandis que Félix Tshisekedi conserve l’avantage.

Un retour politique aux allures d’appel à l’unité

Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo, a refait surface à Nairobi lors d’une réunion de haut niveau présentée comme un « rassemblement de l’opposition ».

Officiellement, il s’agissait du lancement d’un mouvement baptisé « Sauvons la RDC », un cadre censé fédérer les forces hostiles au régime de Félix Tshisekedi autour d’un programme de redressement national.

Mais derrière cette initiative, beaucoup voient une manœuvre de repositionnement personnel. Kabila, condamné à mort par contumace par la justice militaire pour trahison, cherche à revenir dans le jeu politique en se présentant comme un « rassembleur » de l’opposition.

Une stratégie audacieuse, mais dans un contexte où l’opposition congolaise semble plus désunie que jamais.

Une opposition éparpillée, sans direction ni conviction

Depuis la fin de la coalition FCC-CACH en 2021, l’opposition en RDC ressemble à un archipel sans boussole.

Jean Marc Kabund, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et désormais Joseph Kabila se réclament tous, à des degrés divers, d’une posture d’opposants… mais aucun ne parvient à incarner une véritable alternative politique.

• Moïse Katumbi, après des années d’alliances fluctuantes, reste hésitant, pris entre la volonté d’exister sur la scène internationale et la peur d’être assimilé au « système Kabila ».

• Fayulu, lui, reste enfermé un carcan du discours de 2018 sur la « vérité des urnes », un message qui commence à s’essouffler.

• Quant à Kabila, son retour est jugé par beaucoup comme une tentative de revanche plus que comme une offre politique claire.

Résultat : aucun des trois n’a une ligne ferme, ni vision commune. Tous sont aujourd’hui des hommes sans position stable, coincés entre leur passé politique et un futur incertain.

Nairobi : un signal ou une illusion ?

La rencontre de Nairobi devait symboliser la naissance d’un front uni. En réalité, elle a surtout mis en lumière les fractures persistantes entre les grandes figures de l’opposition.

Ni Katumbi, ni Fayulu n’ont pris part activement à cette initiative. Le projet « Sauvons la RDC »s’est donc ouvert sans eux, laissant Kabila seul en scène, entouré de quelques anciens fidèlesdu PPRD et ses anciens opposants de second plan.

Ce vide politique souligne une réalité : Kabila tente de rallumer une flamme dans un foyer éteint.

Mais dans un pays où la société civile et les jeunes générations aspirent à un renouveau politique, le retour de l’ancien président laisse sceptique.

Pour beaucoup, Nairobi n’a pas lancé une opposition nouvelle, mais confirmé que l’opposition congolaise traverse une crise d’identité profonde.

Félix Tshisekedi : un adversaire qui garde la main

Pendant que ses rivaux cherchent à s’unir, Félix Tshisekedi, lui, semble maîtriser la scène politique avec assurance.

Ses opposants se contredisent, se surveillent et se neutralisent mutuellement — et le Chef de l’État en tire profit.

Sur le plan institutionnel, le président contrôle les leviers essentiels du pouvoir : Parlement, appareil judiciaire, gouvernements provinciaux, et surtout la communication politique.

Chaque tentative de l’opposition d’imposer un débat majeur se heurte à une riposte calculée du camp présidentiel, qui réfute leurs arguments et définit seul le tempo politique.

Ainsi, malgré les critiques sur la gouvernance ou la sécurité à l’Est, Tshisekedi apparaît comme celui qui fixe l’agenda et relègue ses adversaires dans une posture de réaction permanente.

Ses opposants s’agitent, mais lui garde la maîtrise du terrain politique et symbolique.

Kabila, KatumbiFayulu : trois ombres d’un leadership perdu

Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’absence d’une figure inspirante dans l’opposition.

Les trois grands noms — Kabila, Katumbi et Fayulu — semblent prisonniers du passé :

 • Kabila peine à convaincre qu’il représente le changement après 18 ans de pouvoir.

 • Katumbi incarne une opposition économique, mais sans base idéologique solide.

 • Fayulu s’accroche à une légitimité morale que le temps a fragilisée.

Face à eux, Félix Tshisekedi a su capitaliser sur leurs divisions, consolider son autorité et se présenter comme le seul acteur politique structuré dans le chaos ambiant.

Une opposition sans âme

Le message de Nairobi, censé annoncer une refondation, révèle plutôt une opposition désorientée, incapable de parler d’une seule voix ni d’incarner une vision commune pour la RDC.

Dans ce contexte, la question du leadership reste entière : qui peut aujourd’hui prétendre fédérer et incarner la résistance ?

Kabila tente, Katumbi hésite, Fayulu persiste… mais aucun ne convainc vraiment.

Pendant ce temps, Félix Tshisekedi poursuit sa route, serein, fort d’une majorité parlementaire et d’un contrôle stratégique des institutions.

Le président semble avoir compris que, pour régner, il suffit parfois de laisser ses adversaires s’épuiser dans leurs contradictions.

Conclusion

La rencontre de Nairobi n’a pas révélé un chef de file, mais plutôt le vide d’une opposition en perte de repères.

Kabila rêve de réincarnation politique, Katumbise cherche une voie, Fayulu s’accroche à une mémoire électorale.

Et face à eux, Félix Tshisekedi demeure l’homme du moment, celui qui observe, répond avec maîtrise, et refuse à ses adversaires la moindre prise sérieuse.

Dans ce duel silencieux entre un pouvoir solide et une opposition sans boussole, le vrai enjeu n’est plus de savoir qui dirigera l’opposition, mais s’il existe encore une opposition capable de diriger quoi que ce soit.

La seule Opposition à Tashisekedi reste le pouvoir de Kigali que les valents de Kagamesuivent et font la propagande. 

Joachim D.