Les États-Unis ont officiellement appelé ce mercredi 20 août 2025 par le biais du Bureau des affaires africaines du département d’État, à la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations-Unies (ONU) sur la République démocratique du Congo. Au cœur de cette initiative : les atrocités imputées aux rebelles de l’Alliance des forces du changement (AFC/M23), accusés de violences massives contre les populations civiles.
Cette démarche de Washington n’est pas anodine. Elle survient dans un climat où les témoignages de massacres, de déplacements forcés et d’exactions documentés par des organisations comme Amnesty International, les experts de l’ONU se multiplient. La communauté internationale est de plus en plus interpellée par les ONG, les Églises et les autorités congolaises, qui exigent une réponse ferme pour mettre fin à l’impunité. La décision américaine projette la crise congolaise sur le devant de la scène internationale. En imposant à l’ONU de se pencher sans délai sur le dossier, Washington prend le rôle de catalyseur, contraignant les autres membres du Conseil dont certains affichent une prudence, voire une inertie calculée à se positionner clairement.
Un bras de fer diplomatique pourrait s’engager, notamment avec les alliés tacites du Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir le M23. Pour la RDC, c’est une opportunité politique : voir son drame reconnu au plus haut niveau multilatéral et replacé dans l’agenda mondial de la paix et de la sécurité.
Sur le terrain, les conséquences sont immédiates : chaque retard dans la réponse internationale se traduit par des vies perdues, des villages rasés et des dizaines de milliers de déplacés supplémentaires. L’est du Congo vit une véritable hémorragie humaine et sociale. Si le Conseil de sécurité adopte une position ferme, cela pourrait se traduire par :
– Des sanctions ciblées contre les chefs rebelles et leurs soutiens ;
– Un renforcement du mandat onusien pour protéger les civils ;
– Une pression diplomatique accrue sur Kigali et sur les acteurs régionaux accusés d’alimenter la guerre.
Mais une réaction timorée ou fragmentée risquerait au contraire de renforcer le sentiment d’abandon des Congolais face à une communauté internationale jugée sélective dans sa défense des droits humains. Au-delà de la sécurité immédiate, la réunion d’urgence soulève la question cruciale de la responsabilité pénale internationale. Washington, en donnant l’alerte, place la problématique de la justice et des crimes de guerre sur la table. Une telle dynamique pourrait déboucher, à terme, sur des enquêtes plus poussées et la saisine de juridictions internationales.
La convocation de cette réunion est donc bien plus qu’une simple formalité : elle constitue un test de crédibilité pour l’ONU. Sera-t-elle capable de dépasser les blocages géopolitiques et d’imposer des mesures concrètes ? Ou restera-t-elle paralysée par les jeux d’intérêts, laissant la RDC s’enfoncer dans une tragédie silencieuse ?
Pour Kinshasa et pour les millions de civils pris au piège de la guerre, l’enjeu est vital. L’initiative américaine met la communauté internationale face à ses responsabilités : agir pour la paix ou cautionner, par son silence, la perpétuation des atrocités.
Edouard Tshiama Musasa
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