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La dernière image de Seth Kikuni : un instant figé, une perception ancrée

La dernière image de Seth Kikuni : un instant figé, une perception ancrée

Le 1ᵉʳ mars 2025, Seth Kikuni a retrouvé la liberté après une détention qui a captivé l’opinion publique. Pourtant, au lieu d’images triomphales de sa sortie de prison, c’est un autre cliché qui envahit les réseaux sociaux : celui de son passage devant la justice, où il apparaît visiblement éprouvé, tête basse, regard vidé, bras croisés comme s’il tentait de se protéger d’un poids invisible. Cette posture, loin de symboliser la résilience politique, projette plutôt l’image d’un homme brisé par l’épreuve, comme si l’arène du pouvoir venait d’engloutir une de ses figures.

Les accusations et le poids du soupçon

Ancien candidat à la présidentielle et entrepreneur, Seth Kikuni a été arrêté dans un climat de tensions politiques exacerbées. Les autorités lui ont reproché des déclarations jugées subversives et des actes considérés comme une menace pour la stabilité de l’État. Son interpellation a immédiatement suscité une vague d’indignation, certains dénonçant une manœuvre destinée à étouffer les voix discordantes. Désormais libre, il pourrait chercher à rebondir. Mais pourra-t-il surmonter l’ombre de cette image qui, aux yeux de l’opinion, semble avoir capturé une défaite avant même qu’il n’ait pu livrer bataille ?

L’image en politique : un facteur déterminant

En politique, l’empreinte d’un leader ne se forge pas uniquement à travers ses discours ou ses actions, mais aussi par les symboles qu’il véhicule, souvent à travers une simple posture. L’histoire nous en offre maints exemples : Winston Churchill, le cigare au coin des lèvres et la mâchoire serrée face à l’adversité, Nelson Mandela, le poing levé à sa sortie de prison, Patrice Lumumba, le verbe haut défiant les puissants, Jean-Marc Kabund, le drapeau de la RDC levé… Leur stature a autant pesé que leurs paroles.

À l’opposé, l’image qui s’impose aujourd’hui de Seth Kikuni en dit long : elle raconte l’histoire d’un homme en retrait, subissant le courroux des événements, plutôt que les affrontant avec fermeté. Et dans une époque où les réseaux sociaux façonnent l’imaginaire collectif, une photographie suffit à graver une perception dans l’opinion. Qu’importe ce qui se dira demain, ce cliché demeure, tel un verdict silencieux.

Une leçon de communication politique

Ce cas met en lumière un écueil fréquent dans la sphère politique congolaise : la sous-estimation de l’image et de la symbolique qui l’accompagne. Trop souvent, les leaders politiques négligent l’impact d’un geste, d’un regard, d’une posture. Une préparation adéquate en communication de crise aurait permis d’éviter cet instant figé dans la mémoire collective.

Même dans l’adversité, Seth Kikuni aurait pu adopter une posture plus assurée, relever la tête, affronter l’objectif avec détermination. Car en politique, ce n’est pas seulement la vérité des faits qui importe, mais aussi la manière dont elle est perçue. Une simple attitude aurait pu transformer un moment de faiblesse en une scène de résistance.

Réécrire le récit avant qu’il ne soit figé

L’histoire retiendra-t-elle le retour en liberté de Seth Kikuni, ou bien cette photographie où il semble accablé par le poids du destin ? Le choix lui appartient. À lui de reprendre le contrôle de son image, de redéfinir sa posture publique, et surtout, de démontrer que cette photographie ne fut qu’un instant volé dans une trajectoire qui, elle, ne saurait être brisée.

Costa Pinto

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