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Négociations avec les terroristes de l’AFC-M23 : celui qui avait prédit le « putsch » est celui qui est à la tête de la délégation

Négociations avec les terroristes de l’AFC-M23 : celui qui avait prédit le « putsch » est celui qui est à la tête de la délégation

Serait-ce une préméditation ou unedrôle de coïncidence ? Une délégation conjointe de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) a rencontré, le 12 février 2025 à Goma, Corneille Nangaa, coordonnateur politique de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), liée au mouvement rebelle M23. 

A la tête de cette délégation ecclésiastique, se trouve l’Abbé Donatien Nshole, celui même qui, à l’issue des derniers scrutins, avait évoqué un éventuel coup d’Etat. Cette démarche a suscité des réactions contrastées au sein de la population congolaise. Certains saluent l’initiative comme une opportunité de mettre fin aux violences persistantes, tandis que d’autres expriment des réserves quant à l’efficacité de négociations avec des groupes armés accusés de graves exactions. 

Tout le monde veut la paix, mais était-il nécessaire de passer par cette voie?

D’un côté, la CENCO et l’ECC estiment que leur initiative est dictée par leur mission de pacification et de réconciliation, indépendamment des canaux officiels du gouvernement. De l’autre, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, a clairement rappelé que ces confessions religieuses n’ont reçu aucun mandat du président Félix Tshisekedi pour engager de telles discussions avec le M23 et Corneille Nangaa.

Pour plusieurs, cette démarche risque de renforcer la position du Rwanda sur la scène internationale, car en acceptant de dialoguer directement avec le M23 et AFC, la CENCO et l’ECC pourraient, involontairement, donner l’impression que la guerre à l’Est de la RDC est une affaire strictement congolaise, ce qui est exactement la ligne de défense du régime de Paul Kagame.

De plus, le gouvernement considère que toute négociation avec des groupes armés doit passer par les processus formels établis, notamment ceux de Luanda et de Nairobi. L’initiative de la CENCO et de l’ECC pourrait donc être perçue comme une ingérence dans la diplomatie officielle.

Si cette médiation venait à être prise au sérieux par le M23 et l’AFC, elle pourrait affaiblir la position de Kinshasa et donner une certaine reconnaissance politique aux groupes armés.

Cependant, certains estiment que dans un contexte de crise humanitaire aigue, toute tentative de dialogue est à considérer, même si elle ne suit pas les voies officielles. L’Église congolaise a historiquement joué un rôle dans la médiation des conflits (notamment lors des dialogues politiques passés), ce qui lui donne une certaine légitimité morale. Toutefois, une foin’est pas coutume.

Vic Madiavula

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