- Manque de leaders référentiels régionaux
Dans ma première tribune, j’ai démontré que Félix-Antoine Tshisekedi est seul. Il n’a pas un puissant Conseiller qui l’écoute ou qu’il écoute pour remettre de l’ordre dans sa cour livrée en proie. Une cour où personne ne respecte personne. Tout le monde est important et se croit incontournable.
Mutisme choquant du chef de la cour
Et les membres de cette Cour croient qu’ils ont plus des droits que des devoirs envers le père de la cour qui regarde les choses pourrir sans actionner les pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 69 de la Constitution qui l’érige en garant du bon fonctionnement de toutes les institutions de la République.
L’absence du Chef de la cour
On croirait que le Chef de l’Etat est absent dans tous les dossiers qui secouent la tranquillité au sein de sa Cour jusqu’à faire coller par certains malveillants, à son épouse et à sa mère, les procès d’intention que ce sont elles qui désignent les dirigeants au Gouvernement et dans les établissements, services et entreprises publics.
Ce qui parait vraisemblable au regard du grand nombre des membres de la diaspora à la tête de certaines institutions et structures de l’Etat.
Ça brule
Entre temps, ça brule à l’UDPS, celui qui avait porté, outre la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics, le bilan du premier mandat, Jules Alingete IGF, Chef de service en ce qui concerne la patrouille financière, a du mal à se laver face aux soupçons de corruption à la Gecamines, trafic d’influence et conflits d’intérêt au parquet près la Cour des Comptes.
L’image écorchée
Et c’est l’image du leadership du Président de la République qui est écorchée. Le Ministre de la Fonction publique nomme à la DGRAD et celui des finances qui était avant la nomination de ce Gouvernement DGA de cet établissement public, boude. Jean-Lucien Bussa remet en cause le leadership du Président Tshisekedi, d’autres ministres contredisent. Une pagaille qui frise la jungle.
Aucun appel à l’ordre. Personne pour rétablir les équilibres.
Raisons
Outre celui qui paraissait conduire toute l’action de la famille présidentielle de Joseph Kabila à l’époque, André-Philippe Futa, Augustin Katumba ou Néhémie Mwilanya, l’ancien Président disposait également des leaders référentiels au niveau de chaque région qui pouvaient résoudre des crises selon les provinces au sein de la famille politique.
Au niveau du Grand Katanga, on pouvait trouver à titre illustratif, Richard Muyez Mangez Mans, Pasteur Ngoie Mulunda ; Julien Paluku pour le Nord-Kivu ; Marcellin Cishambo pour le Sud-Kivu ; Shadari, Matata, Thambwe Mwamba pour le Maniema ; Nkanga Boongo et Didier Etumba pour Equateur ; Théophile Mbemba et Minaku pour le Bandundu ; Evariste Boshab, Maker Mwangu pour le Kasai-Occidental ; Lumanu Mulenda, Ngoie Kasanji, pour le Kasai-Oriental ; She Okitundu et Lambert Mende pour le Sankuru ; Ndaruwezi et Autsai pour La Grande Orientale ; Ghonda pour le Kongo Central ; Kimbuta et Kambayi pour Kinshasa.
Guerre entre les Balubas
Ce que ne dispose pas Félix-Antoine Tshisekedi, en dépit des cinq ans qu’il est au pouvoir.
S’il faut ajouter à cette cacophonie la crise latente entre les Bahemba et les Bakwanga pour le contrôle du précarré du Chef de l’Etat, tout devient confusion. Aux premières heures de son pouvoir, le précarré de Félix Tshisekedi avait été constitué des Bahemba (Biselele, François Beya, Professeur Taylor, Taupin, Kabund…). Par la suite, une guerre latente a été livrée dans les tranchées jusqu’à débarrasser le Chef de l’Etat de son premier précarré au moyen des coups bas, Kadiosha, diabolisation, à tel point que l’on ne sait pas qui fait quoi autour du Chef. Le premier carré, essentiellement constitué de la diaspora kasaienne a fait croire aux autres ethnies que ce sont les Baluba (Bahemba et Bakwanga) qui gèrent. Et pourtant, lorsque vous posez la question aux autres, l’on dit qu’ils sont les BalubaBelges, BalubaFrance, BalubaCanada. Raison pour laquelle, leur premier butin les a tous conduits à se procurer les immeubles au Canada, Belgique, Dubaï, pendant que le Kasai se meurt sans routes, sans courant, sans eaux, traitant ceux qui sont restés dans leurs provinces des sorciers.
Kabila avait son pouvoir, Tshisekedi a le pouvoir des autres
Si Kabila avait son pouvoir et tous ceux qui venaient s’agglutinaient à celui-ci ; Félix Tshisekedi détient le pouvoir des autres, qui se disent s’être battus durant 37 ans dans l’Opposition dont les parents sont morts ; d’autres soutiennent qu’ils ont soutenu sa famille pendant le long exil en Europe.
Chez Kabila, on se rendait comme les fourmis qui allaient vers la lumière. ‘’Et chez Tshisekedi : nous lui avons donné le pouvoir’’.
Pour cela, tout le monde se croit avoir le droit de s’opposer à tout le monde. Tout le monde menace toute le monde. N’importe qui peut se permettre d’aller à la télévision pour faire chanter le Président de la République.
Mobutistes et Kabilistes devenus Fatshistes plus que Fatshi
Bien plus grave, les anciens Mobutistes, Kabilistes, Kabangeistes ont tous quitté leurs rangs pour lui apporter leur soutien, au nom de la transhumance politique. Eux, également sont devenus plus qu’encombrants au point où l’UDPS se sent encore dans la rue, alors qu’elle devrait se retrouver dans les bureaux. Ils sont devenus plus Fatshistes que Fatshi lui-même.
Et là, ça craint…
Obscurité des actions
Voilà pourquoi ses actions sur terrain ne sont portées par personne. Une sorte d’obscurité sur les actions est entretenue, même au niveau de son Cabinet qui ne veut pas communiquer.
Il faut reconnaitre que si le premier mandat avait porté un bilan, c’est dans les domaines de la lutte contre les détournements par l’IGF qui a injecté beaucoup de moyens dans la presse et aux ONG des droits de l’homme et celui de l’Enseignement primaire, secondaire et technique où l’on a dénombré 77 réalisations avec à l’appui la gratuité de l’enseignement primaire dans les établissements publics.
Rédévabilité zéro
Aujourd’hui, les ministres nommés se sentant beaucoup plus redevables à l’égard de leurs autorités morales ou leurs formations politiques, refusent de porter les actions du Président. Chacun se battant pour soi, il n’y a aucune action de grande envergure depuis le début du second mandat.
Ceux qui se sont démarqués au premier mandat, ont été écartés pour laisser place à ceux qui viendront encore faire le stage.
Urgence
Ainsi donc, à quatre ans de la fin de son mandat, le Président de la République doit trouver cet oiseau rare sur qui il pourra réellement s’appuyer pour résoudre les frustrations et les bruits dans sa cour. Si non, l’on va assister à l’action boomerang où ses actuels alliés et même certains cadres de l’UDPS dont chacun dispose de son parti politique depuis un temps, vont démissionner à l’approche de la fin du mandat pour lui laisser la responsabilité de tous les échecs qui auront été enregistrés.
Entre temps, c’est le petit peuple qui poursuivra son chemin du calvaire.
A la prochaine tribune, je vais revenir sur : « Après le règne de Tshisekedi, que deviendront les Balubas ? »
Joël Cadet N. NDANGA, Journaliste, Internationaliste et Analyste politique
Share this content: