RDC : Garantir l’accès à l’eau et à l’électricité, un défi toujours d’actualité

Inscrit dans la Constitution, l’article 48 dispose que « le droit à un logement décent, le droit d’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique sont garantis… ». Un engagement fort, censé traduire la volonté de l’État de répondre aux besoins essentiels des citoyens. Mais entre le texte et la réalité, le contraste est saisissant.

À Kinshasa comme dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays, le quotidien de milliers de familles est marqué par les coupures d’électricité voir l’absence totale et le manque d’eau potable. Les scènes sont familières : des habitants contraints de se lever à l’aube pour remplir quelques bidons avant que la pression d’eau ne chute, des étudiants révisant à la lueur d’une bougie et des lampes torches, des commerces paralysés par les délestages.

Pourtant, l’accès à l’eau et à l’énergie ne relève pas du luxe. Ce sont des droits fondamentaux, reconnus par la loi suprême du pays, la Constitution. Leur absence ne se traduit pas seulement par de l’inconfort, mais par une atteinte directe à la dignité humaine. Comment envisager le développement, la santé publique ou l’éducation lorsque ces besoins vitaux demeurent incertains ?

Malgré les multiples annonces de projets de modernisation et d’investissements dans les infrastructures, la situation peine à s’améliorer. La RDC dispose pourtant d’un potentiel hydraulique et énergétique considérable. Ce paradoxe interroge : comment un pays aussi riche en ressources naturelles peut-il encore peiner à garantir à tous un accès stable à l’eau et à l’électricité ?

Le droit existe… mais sous conditions

Pour nuancer ce constat, le juriste constitutionnaliste Kassongo Mayombo explique.

« L’article 48 consacre un droit fondamental, mais son exercice pratique n’est pas automatique. Si le manque d’eau ou d’électricité résulte d’une défaillance ou du refus de l’État ou de la société adjudicataire, les citoyens peuvent déposer un recours devant le Conseil d’État pour faire valoir leurs droits. En revanche, si la pénurie est causée par un élément naturel, une baisse du niveau d’eau d’un barrage ou un endommagement accidentel du matériel, aucune procédure judiciaire ne peut être engagée, » a-t-il souligné

Cette précision permet de mieux comprendre la situation : même si le droit à l’eau et à l’électricité est garanti par la Constitution, certaines familles peuvent rencontrer des coupures. Ces interruptions sont parfois dues à des contraintes techniques ou à des procédures administratives, tandis que d’autres relèvent de la responsabilité de l’État ou des prestataires privés. Savoir identifier la cause permet aussi de mieux réagir et de connaître les démarches possibles pour rétablir le service.

Garantir ces droits, ce n’est pas simplement respecter la Constitution, c’est assurer la justice sociale, la sécurité sanitaire et la cohésion nationale. Tant que cet article 48 restera une promesse non tenue, c’est la crédibilité de l’État qui s’en trouvera affaiblie. Parce qu’en RDC, en 2025, on ne devrait plus avoir à prier ou espérer pour qu’il y ait de l’eau au robinet ou de la lumière à la maison.

Édouard TM