Répéter les erreurs du passé, un piège pour la jeune démocratie congolaise, selon Moïse Monidela
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La récente décision du ministère de l’Intérieur de suspendre douze partis politiques ayant pris part au conclave de Nairobi, organisé autour de l’ancien président Joseph Kabila, continue d’alimenter le débat politique en République démocratique du Congo. Entre nécessité de préserver la stabilité nationale et crainte d’un retour aux pratiques autoritaires, la mesure divise l’opinion.

Une décision aux multiples lectures

Pour les autorités, cette suspension s’inscrit dans une logique de préservation de l’ordre public. Les formations concernées sont soupçonnées d’entretenir des liens politiques ou idéologiques avec la rébellion du M23/AFC, un mouvement soutenu par le Rwanda selon Kinshasa.

Cependant, plusieurs observateurs estiment que cette démarche suscite de sérieuses interrogations : pourquoi, demandent-ils, dialoguer avec Kigali tout en refusant toute discussion interne avec les groupes politiques accusés de proximité avec le M23 ? Une telle contradiction alimente les critiques sur la cohérence de la stratégie gouvernementale.

Des blessures du passé encore vives

Les plus anciens de la scène politique congolaise n’ont pas oublié les années sombres où les opposants étaient traqués, arrêtés, voire exécutés sous prétexte de collusion avec des mouvements armés. À l’époque du régime Kabila, certains partis avaient déjà été suspendus pour des motifs similaires.

Aujourd’hui, la répétition de ces mesures rappelle à beaucoup la fragilité de la démocratie congolaise et le risque d’un retour aux méthodes de répression politique d’antan.

Entre sécurité nationale et liberté politique

L’enjeu majeur reste l’équilibre entre la protection du pays contre les menaces internes et le respect des principes démocratiques. Pour plusieurs analystes, interdire ou suspendre des partis affaiblis ne renforcerait pas la stabilité nationale ; au contraire, cela pourrait les victimiser et leur offrir une visibilité politique inespérée sur la scène internationale.

Certains observateurs redoutent d’ailleurs que cette décision serve d’argument à ceux qui dénoncent une dérive autoritaire du régime en place.

Le rôle de la nouvelle génération politique

L’actuel vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, est appelé à incarner une nouvelle approche de la gouvernance politique. Lui, qui fut autrefois figure de proue de la lutte démocratique au sein de l’UDPS, doit veiller à ce que la gestion de la vie politique reste fidèle aux idéaux de liberté et de respect de la Constitution, pour lesquels tant de militants ont souffert.

Vers un “Camp de la Nation” ?

Au-delà des tensions entre les camps de Nairobi et de Goma, certains acteurs politiques appellent à la création d’un “Camp de la Nation”, un espace d’unité, de dialogue et de concertation patriotique pour contrer toute division.

Car au moment où la RDC fait face à des défis sécuritaires majeurs, l’heure semble être à la cohésion plutôt qu’à la fragmentation du paysage politique.