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Impact News

RDC/Société : Aux allures d’une « commercialisation », les jeunes fustigent l’attitude des parents qui exagèrent avec la liste des biens (facture de la dot)!



Alors que les conditions socio-économiques sont peu reluisantes, les jeunes sont confrontés aux exigences ponctuelles pour se marier. « Le mariage coutumier a perdu son sens »!
C’est devenu un casse-tête, la dot, mieux le mariage en République démocratique du Congo. Une aubaine pour les parents qui, omettant le caractère symbolique du mariage coutumier, s’adonnent à la « commercialisation de leurs filles« .

Dans un pays où plus de 90% de jeunes restent au chômage, l’exagération des parents quant à la dot se trouve être un grand obstacle pour un bon nombre des jeunes.

Avec un salaire moyen de 100$ le mois, au moins pour ceux qui se débrouillent, se marier devient de plus en plus un luxe. Cette situation dispendieuse, alors que tout le monde n’est à même de l’affronter, pousse plus d’un à des raccourcis peu honorables parce que les moyens ne le permettent pas malheureusement, l’on assiste à un phénomène d’union illégitime appelée « yaka tofanda« . Cela s’observe souvent après que la jeune fille se retrouve grosse alors qu’elle est encore chez ses parents. Un raccourci parce que ça épargne à des dépenses énormes, explique un Kinois.

Les jeunes, premières victimes de cette déviation et acculturation égocentrique criante de la part des parents se sont confiés à la Rédaction d’IMPACT NEWS.

Ils sont tous inanimes que le mariage est impérieux pour tout celui qui vise grand et se nourrit des ambitieux projets.

Placide Luboya, Juriste de formation et Assistant à l’Unikin



D’une trentaine révolue, Placide Luboya juriste de formation estime que le mariage est pour lui quelque chose de particulier.
« Le mariage est quelque chose de particulier pour moi. C’est le gage de stabilité. Le début de toute vie heureuse et tranquille, d’où il faut agir avec panache pour cette vie que j’appelle éternelle et cela jusqu’à la mort de l’un des partenaires« . Pour sa part, Alida Tshimanga, le mariage représente beaucoup qu’elle ne saura expliquer exhaustivement.

« Pour moi, le mariage c’est d’abord l’union de deux personnes qui s’aiment, qui veulent rester ensemble pour la vie et qui veulent construire leur avenir ensemble. Ça représente alors beaucoup pour moi. Personnellement, j’aurai le devoir de prendre soin de ma famille restreinte, d’aider mon partenaire de vie à devenir l’homme dont je voudrais qu’il soit, un bon père pour les enfants. L’aider et l’encourager dans ses idées, faire de son côté faible un devoir pour moi de l’améliorer tous les jours« .

Sur la même lancée, Christelle Kajinga trouve que le mariage est une étape de vie.
« C’est une étape où l’homme et la femme s’unissent pour la vie, en étant partenaire pour l’autre et se compléter« .

Fort Malheureusement, les conditions socio-économiques du pays ne sont pas favorables aux jeunes pour accomplir cette recommandation.
« Ces conditions socio-économiques de notre pays ne sont pas favorables aux jeunes pour le mariage car les factures sont exorbitantes et le tissu économique qui est géré par les étrangers nous pose suffisamment de problèmes« , avance Placide Luboya qui est complété par Alida Tshimanga : » Avant, nos parents et nos grands parents pouvaient bien gérer les familles avec un salaire moyen et se marier à moindre coût juste avec des symboles tels qu’un bidon d’huile, un sac de sel, les makassu (noix de cola), les machettes, les pagnes et costumes de papa, c’est tout. Mais aujourd’hui c’est trop exagéré« .

Alida Tshimanga, Licenciée en Communication des Organisations à l’UPN



A la question de savoir si le mariage coutumier garde encore son sens originel, Christelle Kajinga estime que la coutume a perdu son sens dans ce domaine.
« Le mariage coutumier a perdu son sens. Une mauvaise conception de la dot« .

Christelle Kajinga, architecte de l’ISAU



Alors que certains jeunes, fouillant le coût élevé du mariage dans les centres villes du pays pour aller se marier à l’intérieur, Placide Luboya, malgré les circonstances et tout ce que l’on déplore, tient à réaliser son projet de mariage à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo où il réside.
« L’idée d’aller épouser au village ne m’a jamais traversée la tête« , explique t-il.

L’on observe les listes de biens appelées autrement facture, aller jusqu’à 5.000$ de la dot en espèce et des biens n’ayant aucun rapport avec la culture africaine en la matière, notamment la télévision, la moto et bien d’autres. Pour Alida Tshimanga, cette exagération a poussé plusieurs couples à la rupture alors que fondamentalement, ils s’aimaient pour de vrai.

« Cette exagération a séparé beaucoup de jeunes qui se sont aimés pour de vrai« , regrette amèrement Alida, alors que Placide Luboya, reconnu pour son franc-parler rapporte que plusieurs filles se sont laissées engrosser à cause de cette exagération.  » Les conséquences de l’exagération sont telles que les filles tombent enceintes, elles ne sont pas mariées, elles vont au mariage de « yaka to vanda, etc« .

Licenciée en Communication des organisations et cadre d’une entreprise de la place, Alida Tshimanga n’est pas du tout disposée à épauler financièrement son fiancé pour pouvoir l’épouser. Elle évoque les restrictions d’ordre coutumières.

« Chez nous les Lubas, financer son propre mariage c’est déjà le TSHIBAWU. Impossible de l’aider même avec un 50 FC. Si jamais j’ose, ça va retourner contre moi« . Elle dit cependant être disposée à l’orienter et l’encourager.
« D’abord je veux l’encourager à trouver les moyens pour subvenir aux besoins de la famille pendant le mariage. C’est-à-dire créer une source des revenus pour la famille pendant le mariage et ensuite on se marie tranquillement« .

De la même tribu que Tshimanga, Christelle Kajinga semble faire fi aux restrictions évoquées par Alida. Pour elle, participer à l’organisation de la réception des invités c’est envisageable, mais pas pour le mariage coutumier. Elle estime que c’est dans ça que l’homme est appelé à prouvée sa détermination.

 » Épauler mon partenaire, ça dépend. Le mariage religieux et civil oui, parce que j’aimerais participer à notre joie. Je dois participer. Mais le coutumier il doit m’enlever de chez nous. D’où il doit prouver ses efforts« .

Trouvant de salvatrice pour sa génération la proposition de loi portant modification du code de famille estampillée « Loi Mbau » ramenant la dot à 500$, Alida Tshimanga, déçue par son passé, ne trouve aucun conseil à prodiguer aux parents, qui, de plus en plus s’affichent comme des commerçants. Christelle Kajinga pour sa part, demande aux parents de revenir au bon sens et d’arrêter ces pratiques parce que la coutume perd son sens et sa valeur. La dot, dit-elle, n’est qu’un symbole et les générations futures seront perdues et n’auront aucune connaissance sur ça si rien n’est fait pour le retour à l’aspect originel du mariage coutumier en RDC.

Flexible, Christelle Kajinga estime que si les moyens financiers ne permettent pas d’offrir une grande réception, il est évident de simplifier les choses, pourvu que la part de la famille (la dot) soit versée comme convenus.
Du reste, renchérit Alida Tshimanga, la vraie vie et le vrai mariage, ce n’est pas les noces ou la réception, mais plutôt le vivre en commun dans son foyer. A quoi importe de donner un grand festin pour plaire aux gens et manquer à manger chez soi? Se questionne Christelle Kajinga.
Parce qu’on se marie une seule fois dans la vie, Placide Luboya ne se voit pas organiser une petite réception à l’occasion de mon mariage.
« J’organiserai une fête à la hauteur de l’événement« , conclut-il.

Molende MUTEBA

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