Quelle Politique médiatique pour une RDC émergente?
Interpellation de Molende MUTEBA aux autorités !
Depuis la nuit de temps, l’homme ingénieux, par essence, a pu contourner l’obstacle lié à la communication. L’histoire nous renseigne que selon les âges et le développement de la télécommunication, l’homme, pour communiquer avec le reste du monde, a utilisé le feu, le tam-tam et autres. A l’ère moderne, les outils et canaux rudimentaires utilisés à l’époque ne sont plus à jour. La technologie a évolué à tel enseigne qu’aujourd’hui, partout dans le monde où on peut être, avec un simple téléphone, on peut joindre celui qui est à l’autre bout du monde, et ce, à la vitesse de l’éclair. D’où la notion du « village planétaire »!
Les médias jouent un grand rôle à notre époque. L’un des rôles le plus considérable, c’est la « socialisation » de la société. Dans ce cas, les politiques utilisent les médias soit pour véhiculer les messages susceptibles de faire régner la paix et la concorde nationale ou soit les messages de haine, de xénophobie, de désinformation et de dissuasion, selon le cas. Les scientifiques ont prouvé que le média fait partie des outils de gouvernance d’un pays. Avec le média, on peut construire ou détruire. Tout homme politique se fait la peine de détenir pour sa cause, au moins un médias (à savoir nous avons six types de médias) acquis à sa cause.
En République Démocratique du Congo, nous voyons les chaînes de télévision ou les stations de radiodiffusion, voire la presse écrite et la presse en ligne naître comme des champignons. La plus part entre elles, sont détenues par les politiques. Nous avons par exemple la RTGA et le journal avenir du promoteur Puis Mwabilu, CC TV, CK TV et Ralik fm pour Jean-Pierre Bemba, RTVS1 pour Adolphe Muzitu, 10 ème rue TV pour le parti présidentiel, UDPS, pour ne citer que ceux-là. Il est alors clair que pour mieux gouverner, il faut avoir au maximum le déçu sur les médias et mieux les contrôler. Il va sans dire qu’ils servent en général (les médias), de faire la propagande de la gouvernance. Dans le régime de Joseph Kabila, nous avions vu naître un groupe des presses pour vulgariser ses visions, « les 5 chantiers et la Révolution de la modernité » du Chef de l’État de l’époque. Il s’agit de Télé et Radio 50 dirigées par Jean-Marie Kasamba. C’est de bonne guerre et ce n’est pas un péché, encore moins une infraction! Au delà de l’antagonisme infertile et acerbe à l’interne, il est impérieux qu’un pays qui se veut respectueux, respectable et compétitif dans le concert des nations, qu’il y ait une politique médiatique propre à lui pour vendre son image et attirer les touristes et les investisseurs. Il y a bien de pays à cette époque qui tiennent debout notamment grâce au tourisme. Ce domaine contribue énormément dans les budgets d’autres pays.
Au Kenya par exemple, en 2018 c’est plus de 2 millions de touristes étrangers qui sont arrivés dans le pays, contribuant ainsi à porter les recettes engrangées par le secteur à plus de 1,55 milliard de dollars. Qu’est-ce que ce pays a de plus précieux qui manque en République Démocratique du Congo ?
Avec une superficie de 2.345.410 km2, la République Démocratique du Congo est le second pays en Afrique après l’Algérie et le quatrième, en terme de démographie après le Nigeria, l’Égypte et l’Ethiopie. Avec plus de 9 parcs nationaux regorgeant notamment les espèces rares de la faune et la flore du monde, envahi par des rivières, fleuves, lacs et océans, la RDC semble être un pays à vocation touristique. Malheureusement, les autorités considèrent ce secteur comme le cadet de leurs soucis. Les matières premières auxquelles nous faisons recours, sont épuisables. Le Kenya, l’un des pays d’Afrique le plus visité, joue grand sur la médiatisation de son potentiel touristique, donc une « politique médiatique » pour ce secteur.
Au mois de novembre 2020, nous avons tous été surpris d’apprendre à la TF1, dans un reportage-propagande qu’au monde entier, les gorilles des montagnes n’existent qu’au Rwanda. Les allégations qui ont exaspéré les autorités congolaises notamment le Ministre de l’Enseignement et Conversation de la Nature. Ce que d’aucuns ne comprennent pas, c’est que le Rwanda a mis les moyens considérables enjeux dans la politique médiatique internationalle. D’ailleurs, dans sa démarche de persuasion médiatique, le Rwanda a réalisé une publicité avec les stars du football français et anglais, notamment Neymar pour le PSG et Ozil pour Arsenal. Les affiches indiquent clairement l’idéal de cette campagne : « Visit Rwanda ». Donc un message destiné aux touristes, question de se persuader du potentiel touristique du Rwanda. Nous pouvons tout dire de ce pays, la dictature de ses gouvernants tout comme le musellement de l’opposition et de sa presse, mais en matière de gouvernance et de la promotion du potentiel interne, le Rwanda est à féliciter.
Notre question reste et demeure : existe-t-il une politique médiatique pour la promotion de la RDC? La quasi-totalité de Congolais, pour ne pas dire tous, sachions que les États-Unis d’Amérique est le pays le plus puissant du monde sur le plan militaire, sécuritaire et économique, alors que ce n’est pas nous tous qui avons foulé nos pieds dans ce pays ou encore assisté tangiblement à un accrochage militaire entre les États-Unis d’Amérique et un autre pays pour attester cette supériorité que nous lui accordons naïvement.
Qu’est-ce qui nous a ainsi convaincu de cette position revendiquée par le pays de l’oncle Sam ? C’est juste sa politique médiatique, plus particulièrement cinématographique.
Les gouvernants des États-Unis d’Amérique pour faire douter ses adversaires en la matière, a utilisé l’industrie cinématographique. L’idée que nous avons de la toute-puissance des USA est la résultante des films et séries policières Hollywoodiennes que nous avions regardé. En gros, ce pays nous a manipulé par le cinéma. Nous pouvons nous mettre d’accord là dessus. Dans les films longs-métrages d’Arnold Alois Schwarzenegger alias Rambo, nous voyons un seul militaire aller libérer les otages américains dans un pays étranger. Tout comme dans la série policière 24h chrono où Kieffer Suterland alias Jack Bauer arrive à mettre la main à une bande des terroristes ou éviter seul un attentat. L’idée dans tous ces scénarios est d’imprimer à la tête de téléspectateurs la grandeur de ce pays et les moyens colossaux que l’on met enjeux. En gros, la politique cinématographique américaine est d’une part de créer une image de sa supériorité dans le chef de commun de mortel et d’autre part, faire douter et dissuader ses potentiels adversaires notamment la Chine et la Russie. A cela s’ajoute l’idée que c’est pays (USA) arrive toujours au terme de ses traques terrorismes, d’où le principe « les États-Unis d’Amérique ne négocient pas avec les terroristes »! Toute une politique gouvernementale implicitement glissée dans le cinéma. Une manipulation sous le charme d’une histoire fictive. Une meilleure politique médiatique.
Dans son ouvrage « Hollywood et la politique », Claude Vaillancourt met en lumière la relation qui existe entre le cinéma et la politique américaine. Il s’intéresse surtout aux aspects politiques de la question cinématographique, interrogeant les liens existants entre la production de films et les opinions politiques cachées derrière les images. De là, il montre combien le cinéma contribue à diffuser les valeurs américaines traditionnelles, et donc à créer du consentement, c’est-à-dire à faire accepter aux téléspectateurs les idées politiques véhiculées par les producteurs.
À d’autres termes, cet auteur montre, comme nous l’avons souligné, la manière dont la politique se sert des médias pour des raisons bien déterminées.
Les autorités congolaises semblent être occupées d’autres choses aux intérêts personnels. Aucune politique imposante dans les médias. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel au Congo, CSAC, semble être dépassé par les évènements. Les programmes médiatiques qui vendent à vil prix l’image du pays ne sont malheureusement pas censurés. Les prestataires médiatiques qui passent outre l’éthique et la déontologie professionnelle et ne sont guère inquiétés et continuent dans leurs bavures. Il est temps que l’Exécutif en place chapeauté par Félix Tshisekedi, Chef de l’État, puisse mettre sur pied un plan de communication pour vendre autrement l’image du pays. Partant du principe des Relations Internationales selon qu’en « diplomatie ce sont les intérêts qui priment entre les États », il se trouve dans cette optique, on ne peut pas s’attendre à ce qu’un autre pays fasse à notre guise la promotion d’un potentiel qu’il regorge lui-même. Il nous faut, urgemment, une stratégie de communication de mise en valeur de la RDC sur tous les plans.
Nous interpelons le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi et nous le demandons de créer une agence de promotion de l’image du pays sur le plan communicationnel. Si une telle structure existe, il lui revient de la renforcer en personnel et moyens quant à ce. La RDC devra cesser d’être la risée du monde. Vivement une politique médiatique formelle !
Molende MUTEBA