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Vital Kamerhe et l’appel au dialogue : l’écho d’un plan qui arrange Kigali ?

Vital Kamerhe et l’appel au dialogue : l’écho d’un plan qui arrange Kigali ?

Le 19 août 2025, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a relancé devant la presse l’idée d’un « dialogue national inclusif ». Mais derrière cette posture qui semble empreinte de sagesse, se cache une question dérangeante : ce discours répond-il réellement aux besoins du peuple congolais, ou sert-il indirectement le plan de l’ennemi Paul Kagame, dont la guerre d’agression par le M23 fragilise l’Est de la RDC ?

Un discours ambigu au moment d’une guerre déclarée

En affirmant que « le président est plus fort avec toutes les forces politiques et sociales qu’avec la seule majorité parlementaire », Kamerhe se positionne comme l’homme du consensus. Mais peut-on réellement parler de dialogue inclusif alors que le pays est agressé de l’extérieur ? En refusant de placer clairement l’agression rwandaise au cœur de son discours, le président de l’Assemblée donne l’impression d’éluder l’essentiel : la survie de la souveraineté nationale.

Cette omission est troublante : dialoguer sans désigner l’agresseur, n’est-ce pas déjà accepter de négocier sur des bases imposées par Kigali ?

L’ombre pesante de la CENCO et de l’ECC

Il est évident que Kamerhe n’invente rien. Son discours épouse la rhétorique développée depuis plusieurs mois par la CENCO et l’ECC avec leur projet de « Pacte social ». Si ces initiatives religieuses peuvent paraître nobles, elles s’inscrivent cependant dans une logique qui, volontairement ou non, désarme le pays sur le plan politique.

À force de parler de « cohésion » et de « vivre-ensemble », sans mettre en avant la vérité de l’agression rwandaise, ces plateformes créent un terrain favorable à une négociation qui dilue les responsabilités. Kagame ne peut rêver mieux : un Congo en débat avec lui-même plutôt qu’un Congo mobilisé contre l’ennemi.

Tshisekedi entre ouverture et piège

Le président Félix Tshisekedi, après une longue hésitation, a fini par accueillir les propositions des confessions religieuses en instituant une commission spéciale. Mais ce choix reste risqué : en ouvrant la porte à un processus de dialogue mal cadré, il expose l’État congolais au danger d’une diversion. Pendant que les armes tonnent à l’Est, les élites se perdent en discussions, laissant au Rwanda et au M23 le temps d’enraciner leur occupation.

Le jeu politique derrière l’appel de Kamerhe

Vital Kamerhe se présente en rassembleur, mais son appel interroge. Est-ce un acte de patriotisme sincère, ou une manière de se replacer comme figure incontournable dans le paysage politique, quitte à emprunter un langage qui arrange aussi Kigali ?

Car l’ennemi mise précisément sur ce double discours : une classe politique divisée entre ceux qui veulent « dialoguer » et ceux qui exigent une riposte ferme. Pendant ce temps, le front militaire s’affaiblit et l’opinion publique se brouille.

Conclusion : un dialogue qui sent la manœuvre

L’histoire récente du Congo est marquée par des dialogues à répétition, qui ont souvent débouché sur des compromis stériles. Rejouer le même scénario aujourd’hui, alors que le pays fait face à une guerre d’agression, serait offrir une victoire politique à Kagame.

Le véritable dialogue que la RDC doit engager n’est pas avec elle-même pour masquer l’ennemi, mais avec ses propres forces vives pour affirmer une position claire : la défense de la souveraineté et la dénonciation ferme de l’agresseur rwandais. Tout le reste n’est que diversion.

Vital Kamerhe, en reprenant à son compte le langage de la CENCO et de l’ECC, prête le flanc à une lecture inquiétante : son discours, loin de renforcer la résistance nationale, pourrait bien résonner comme l’écho d’un plan conçu ailleurs – à Kigali.

Nicole KAKESE

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