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Probable configuration politique en vue des joutes électorales prochaines: Projection de Molende MUTEBA

  

11 Novembre 2018, tous les yeux sont fixés vers Genève en Suisse. Dans la soirée, la nouvelle est tombée, Martin Fayulu est choisi par ses pairs comme candidat commun de l’opposition pour l’élection présidentielle prévue le 30 décembre 2018.

C’est fait, l’unité de l’opposition tant voulue par le Peuple congolais constituée majoritairement des opposants du régime de Kabila de plus de 18 ans est enfin là.

Cette promesse de l’opposition de partir en bloc aux élections était faite à Kinshasa, au mois de septembre de la même année, 2018, au terrain Sainte Thérèse de Ndjili. Le seul moyen de vaincre Kabila, quoi qu’il fasse, est d’aller en bloc. Ce qui fut fait! La joie pour plusieurs, chose promise chose due.

Malheureusement, cette effervescence populaire n’était que de courte durée. 24 heures après le sacre de Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition, il était de grand étonnement d’entendre par les ondes de la radio Top Congo fm que le candidat Président de la République de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Félix-Antoine Tshisekedi revenait sur sa décision. Alors qu’après le vote de Martin Fayulu, il était foncièrement engagé à le soutenir. Il dit être revenu sur sa décision à la demande de sa base de l’UDPS n’étant pas de même avis et considération que lui. Étant donné que le fonctionnement de l’UDPS veut à ce que la base décide et dicte la loi, Félix est obligé de se soustraire de cet accord de Genève.

Dorénavant, l’homme de Limete est déterminé de faire route seul. Comme s’ils  étaient de connivence, Vital Kamerhe, Président de l’UNC, un parti politique de taille en République Démocratique du Congo, se retire lui aussi de l’aventure de Lamuka en se considérant floué et mâté par les  « disqualifiés d’offices » de la course  électorale, Jean Pierre Bemba et Moïse Katumbi. 

Pour Kamerhe et Tshisekedi, il est impérieux de coaliser pour maximiser les chances. Quelques jours après, lors des pourparlers au Kenya, le CACH naquit. Cap pour le Changement. Félix Tshisekedi est plébiscité candidat commun. La base est d’accord.

Eu égard à cette réalité, l’opposition congolaise part en disparate, les chances de vaincre le candidat de Joseph Kabila s’amoindrissent.

Félix Tshisekedi bat campagne avec des maigres moyens cotisés par les membres et autres bienfaiteurs qui croyaient en son combat.  Au mois de janvier 2019, à la grande surprise de plusieurs, Félix Tshisekedi est proclamé Président de la République. Euphorie totale dans son camp. Ça y est, l’opposition remporte bien que mal la présidentielle.

Joseph Kabila malin qu’il est, il s’est bien arrangé pour rafler plus de trois-cents trente (330) députés nationaux et la quasi-totalité de  députés provinciaux.

Dans ses calculs, quoi qu’ayant perdu la présidentielle, avec la majorité parlementaire, il a une marge de manœuvre considérable dans la gouvernance du pays. Rien ne peut se décider sans lui.

Kabila parti, Kabila resté. La théorie de deux bonbons! Deux possibilités sur la table du Président Tshisekedi : coaliser avec Joseph Kabila, celui que la quasi-totalité de la population hait au plus haut point, pour codiriger le pays ou bien aller en cohabitation.

Entre ces deux possibilités comme le croyait, ou pour ne pas dire comme il le pensait, le Président Félix-Antoine Tshisekedi opte pour la coalition pour l’intérêt général du peuple congolais. L’ennemi d’hier, farouchement opposant à sa gouvernance devient le meilleur allié. Dynamisme politique!

L’idylle entre les deux protagonistes qui dans le passé récent se regardaient en chiens de faïence. Mais le coup de foudre sera de courte durée. Les fins analystes l’avaient déjà prédit. Partant de l’idéal et la philosophie de ces deux formations politiques, d’aucuns n’accordaient pas la chance à cette coalition entre Tshisekedi et Kabila.

Plus de 20 mois après, rien ne marche. Que des crocs-en-jambe, que des bâtons dans la roue. L’heure a sonné. Il est temps de revoir et de réajuster le tir. Pour la cause noble, savoir le bien-être des Congolais, Le Président Tshisekedi s’est décidé lors de son discours du 23 octobre 2020 de consulter les leaders les plus représentatifs de la société pour créer ce qu’il appelle : “Union sacrée”. 

Partant de la situation politique actuelle et en se basant sur les consultations du Palais de la Nation, du discours du Président de la République du 06 décembre dernier ayant comme conséquence, la promesse de la nomination d’un informateur ainsi que du feuilleton de la déchéance de la Présidente de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda, il est nécessaire de dresser la « probable reconfiguration » politique congolaise pour les échéances électorales prochaines.

De la plateforme Lamuka

Il est trop clair, au moins que l’on se refuse de voir que la plateforme Lamuka présente des fissures béantes, créant deux blocs tangiblement perceptibles. Il y a un bloc républicain représenté par Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. C’est une frange de Lamuka qui est modérée et un peu tendre avec l’actuel Chef de l’Etat. Elle a même participé aux consultations contrairement aux deux autres leaders, Martin Fayulu et Adolphe Muzitu. Ils sont très farouchement radicaux et peu modérés face à Félix Tshisekedi. Cela se remarque entre autre à leur refus de participer aux consultations et d’adhérer à l’Union Sacrée, contrairement à Bemba et Katumbi qui ont été reçus par le Chef de l’État. Pour Fayulu et Muzitu, Tshisekedi est lui-même, autant que les autres leaders du FCC, un problème de cette crise.  Il ne peut donc pas les consulter. A la limite, ils peuvent participer à un dialogue sous la médiation internationale.

De la plateforme CACH

Cap pour le Changement, plateforme que l’actuel Chef de l’État a créé avec Vital Kamerhe au Kenya après s’être retirés de Lamuka. Selon les termes de leur deal, le Président Félix-Antoine Tshisekedi devrait soutenir la candidature de Vital Kamerhe aux élections de 2023, autant que Vital Kamerhe l’a soutenu en 2018. Cela porte à croire que, s’il faut se tenir à cet accord, Félix Tshisekedi ne briguera pas son deuxième mandat.

Vraisemblablement, le Chef de l’État serait de loin d’accord à cette disposition. Si de lui-même par absurde peut se prétendre de s’y conformer, tel que nous connaissons son parti UDPS, cela ne passera pas. Et à ce stade, l’UNC le sait aussi bien qu’il est fort probable que Félix Tshisekedi ne soutienne la candidature de Vital Kamerhe, en ce moment  incarcéré à la prison centrale de Makala. Une peine aussi lourde à des conséquences politiques énormes. Il est écarté de la course. Entre Tshisekedi et Kamerhe, il y a une guerre froide. Kemerhe en fin politique, il ne veut pas se prononcer aujourd’hui de peur que ses membres au gouvernement ne se rebellent contre lui. Il observe encore la cour des évènements. Ce qui est sûr, il (son parti) prendra ses distances au moment opportun.

De l’accord Félix (CACH) /Joseph (FCC)

Ça se disait dans tous les salons après la Présidentielle de 2018 qu’il y aurait un deal entre le Président entrant Félix Tshisekedi et le Président sortant Joseph Kabila. Jusqu’alors, ce n’étaient que les acolytes de Kabila qui le proféraient. Aucune preuve irréfutable. Il a fallu seulement que les deux têtes de cette coalition s’embrouillent pour que les langues se délient au plus haut sommet du FCC. Lors d’une matinée politique organisée dans sa ferme de Kingakati, Joseph Kabila a breafé ses ouailles sur l’accord qui le lierait à Félix Tshisekedi. Selon les informations publiées par Jeune Afrique (lesquelles du reste nous n’accordons pas le crédit), l’une des clauses de cet accord dispose que Félix Tshisekedi, en 2023, soutiendrait le candidat que le FCC  présentera.

Partons par absurde et accordons naïvement du crédit à ces informations sorties de Kingakati, nous ne voyons pas justement comment Tshisekedi peut s’effacer en 2023 au profit de la candidature du FCC. Au moins qu’il trépasse, nous ne voyons comment cette carte peut se jouer.  Encore ici, Félix Tshisekedi rencontrera la résistance de sa base comme cela a été le cas pour Genève. Tout est clair,  le paysage politique ne gardera pas le même visage actuel en 2023, si jamais il y aura élection.

En analyste avéré, nous présentons la plus probable configuration politique Congolaise pour les enjeux électoraux de 2023.

Avec l’actuelle Constitution limitant à un tour la présidentielle et la loi électorale mettant  Jean-Pierre Bemba hors-jeu et considérant en amont que Félix Tshisekedi ne laissera place à personne vu ses ambitions politiques, il est fort probable que Jean-Pierre Bemba, déjà écarté de la course soutienne Félix pour la simple raison que celui-ci étant aux affaires et organisant les élections, aura plus de chances de  remporter ces dites élections.

Ce faisant, Bemba peut refaire sa santé politique et négocier la modification de cette loi électorale pour son avenir politique. Félix Tshisekedi aura au moins le soutien de AFDC de Bahati qui rode déjà au tour de lui. A cela s’ajoute le soutien de plusieurs autres partis tels que RDT, Démocratie chrétienne DC, MLP ainsi que les partis et regroupements politiques ayant traversé de l’autre bord pour l’Union Sacrée.

Pour Moïse Katumbi, il n’en sera pas question de soutenir Félix Tshisekedi en 2023 aussi longtemps que la constitution actuelle limitera l’élection présidentielle à un seul tour. Obsédé des ambitions euphoriques de briguer la magistrature suprême, il ne peut pas, pour la seconde fois, laisser ses chances s’envoler comme en 2018. Il ira même seul en compétition. D’où la raison la creation d’un parti poltique à la hauteur de ses attentes et de ses ambitions. Il est évident de signaler que son parti politique est le fruit de la fusion de plusieurs autres partis de l’opposition membres du G7.

Du Front Commun pour le Congo,

Cette plateforme, en 2023, peut se rallier à l’UNC de Vital Kamerhe qui aujourd’hui se voit trahi par le Président de la République en foulant aux pieds l’accord qui lui a propulsé et a fait de lui Président de la République. C’est qui est vrai, au plus profond de son cœur, Vital Kamerhe veut se venger contre Félix Tshisekedi. La seule et l’unique vengeance qui lui satisferait, est de voir Tshisekedi hors du Palais de la Nation après 2023. Pour cette cause, Kemerhe ferait de tout son mieux pour l’échec de Tshisekedi. D’où, comme le dit un dicton : “l’ennemi de mon ennemi est mon ami.” Vital Kamerhe, en 2023, il est fort possible qu’il s’allie au FCC qui est déjà l’adversaire majeur de Tshisekedi.

Quant à Martin Fayulu et Muzitu, il est fort possible qu’il garde leur alliance jusqu’à 2023. Vu la notoriété que Fayulu a su construire dans le territoire national, Muzitu lui portera son soutien. Pour des raisons électoralistes, Fayulu sera rejoint par de nombreux petits partis (les AAB, CCCD…) pour atteindre le seuil exigé. Lamuka aile Fayulu ne s’alliera ni au FCC que Fayulu accuse sans preuve tangible d’avoir volé sa victoire et encore moins à Tshisekedi qu’il considère comme usurpateur  de sa prétendue victoire en 2018. UNC de Vital Kamerhe ne peut non plus s’allier à Lamuka aile Fayulu. Celui-ci se laisse convaincre que c’est Vital Kamerhe qui est le médiateur entre Kabila et Tshisekedi pour que sa victoire lui soit volée. Nul n’ignore aussi combien Fayulu s’opposait à Kamerhe lors du dialogue de la Saint Sylvestre sous la médiation de la CENCO. Fayulu a toujours considéré Kamerhe comme un traître par essence. S’approcher de lui, quelle que soit la raison, c’est chose pratiquement difficile. Derrière Fayulu on peut voir  une bonne partie des candidats malheureux Présidents de la République de la présidentielle 2018 s’opposant aujourd’hui à la politique  de Tshisekedi. Cette carte nous le disons n’est jouable qu’au cas où « la présidentielle restait à un seul tour et la loi électorale écartant Bemba restait en vigueur ».

« Configuration politique en 2023 avec la présidentielle à 2 tours et la loi électorale favorable à Jean-Pierre Bemba« 

Dans ce cas d’espèce, tous les partis, tous candidats iront en course individuellement. Bemba, Katumbi, Tshisekedi, Muzitu, Fayulu, (Kabila)… chacun pour soi. C’est à l’issue du premier tour qu’une autre carte peut se dessiner. Considérant qu’il est fondamentalement impossible en RDC qu’un candidat obtienne 50%+1 comme l’exigeait la constitution de 2006 modifiée en 2011 ramenant à un tour la présidentielle, les résultats du premier tour permettront la nouvelle carte des alliances. Dans ce cas, sachant que le deuxième tour de la présidentielle sera entre les deux premiers candidats les mieux classés, les éliminés comme en 2006, vont s’allier derrière un candidat au détriment d’un autre. Il serait aussi possible, si au deuxième tour Tshisekedi restait avec un candidat de FCC, quelqu’un comme Fayulu demande à ses partisans de ne pas voter pour qui que ce soit parmi les deux. Vital Kamerhe pourrait également demander aux siens de voter le candidat de FCC au détriment de Félix-Antoine Tshisekedi. Sinon, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et les autres, porteraient leur soutien à Tshisekedi. L’année 2023 nous réserve beaucoup de surprises. Comme il est de coutume de dire que la politique est dynamique, ne soyons pas étonnés de voir naître  des alliances aux intérêts électoralistes en 2023. Wait and see

Molende MUTEBA

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