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Pius Ngandu Nkashama, Figure emblématique des lettres de la RDCongo

Le professeur et écrivain Pius Ngandu Nkashama est décédé le 19 décembre 2023 à Bâton-Rouge (USA, Louisiane). Il s’agit d’un écrivain de grande notoriété sur l’espace de nos terres africaines après les indépendances au regard de ceux qui avaient lutté contre la colonisation.

Né le 4 septembre 1946 à Mbuji-Mayi dans la province du Kasaï Oriental en République Démocratique du Congo. Après ses études primaires dans sa ville natale, il va entamer le cycle scolaire au Petit Séminaire de Kabue situé à plus de 200 km. C’est sur ce site que d’autres grandes personnes de notre pays ont été formées il faut citer : Joseph Kasa-Vubu, 1er président de la R.D.C., les cardinaux Joseph Malula et Laurent Monsengwo. Pius Ngandu Nkashama va poursuivre ses études au Séminaire de Kalenda et de Lukelenge avant de les achever au collège des Pères Salésiens à Elisabethville, actuel Lubumbashi, en obtenant le diplôme des humanités Gréco-latine. Il commence ses études universitaires à la Faculté des Lettres de l’université de Lovanium à Kinshasa où les achève en 1970 avec son diplôme de licence, avant d’obtenir un doctorat en littérature à l’université de Strasbourg en 1981. Profondément plongé dans la recherche sur les écritures en français des Africains, il enseigne alors la littérature francophone africaine dans plusieurs universités : à Kinshasa et Lubumbashi (RDC), à Annaba (Algérie, 1982-1990), à Limoges (1991-1997), à la Sorbonne-Nouvelle, Paris III, enfin à la Louisiana State University (USA, 2000-2023).

Écrivain, il est l’auteur de plusieurs romans et récits : « La malédiction », « Le pacte de sang », « La mort faite homme », « Un jour de grand soleil », « Le doyen de Marri », « Citadelle d’espoir »… Pièces de théâtre : « La délivrance d’Ilunga », « Nous avons fait un rêve », « Bonjour monsieur le Ministre », « May Brutt de Santa Cruz » et des recueils de poème comme : « Crépuscule équinoxial, Khedidja ».

La peinture de toutes ces œuvres de création que nous donne à lire Pius Ngandu Nkashama, présente des personnages profondément englués dans les multiples misères inhérentes aux indépendances chachacha et aux démocraties tralala marquées par des dictatures d’une Afrique kaki. Les hommes et les femmes ainsi que leurs enfants évoluant dans ces œuvres, sont en perpétuelle errance sur des terres ensanglantées à la suite des conflits armés sous l’instigation des politiciens aux intérêts égoïstes, sordides. Il y a lieu de prendre en lecture cet extrait de Citadelle d’espoir pour comprendre cette situation macabre : Les tribulations qui ont entouré les années des indépendances politiques avaient déjà démontré à suffisance combien une frustration comprimée dans le cœur du Peuple peut produire des ravages meurtriers par des luttes fratricides, des rébellions sanglantes, des guerres interminables et souvent mémé difficiles à articuler avec le fonctionnement d’une communauté politique. ( Paris, l’Harmattan, 1995, p. 50-51)

Critique littéraire, il a rédigé des ouvrages et publié des études sur la littérature écrite en français par les Négro-Africains, travaux de recherche sur lesquels il donnait des conférences sur la culture africaine. Il faudra signaler qu’en plus de la longue liste des œuvres écrites en français, Pius Ngandu Nkashama a produit des romans en sa langue maternelle qu’est le ciluba dont beaucoup de locuteurs sont dans l’Espace Grand Kasayi. Et de ce fait, il a reçu le Prix Tabalayi en 2003 ainsi qu’un un autre écrivain lubaphone, le professeur Crispin Maalubungi Lungenyi Lumwe.

Quand on prend en lecture les romans de Pius Ngandu Nkashama comme ses pièces de théâtre, le ton est celui d’une revendication portée au grand jour. Les hommes et les femmes ainsi que leurs enfants sont traumatisés de jour comme de nuit. Leurs cris et pleurs, leurs tristesses et brisures écument des douleurs infinies. Les groupes en présence voguent sur les aires des tiraillements où les élites politiques ne parviennent pas comme il faut à assurer la volonté d’un bien-être pour le peuple. Dans Le pacte de sang, l’itinéraire de Josiane à la recherche de Sanga comme l’émoi de Mambeti, évoquent des réalités sociales mettant en cause les régimes musclés à la tête de nos pays.

Pius Ngandu Nkashama ne cherche pas à dissocier son combat personnel comme intellectuel d’avec les réalités de son temps. Il a vu se succéder les guerres tribales, il a été témoin des errances et des fuites sans pardon. Et même, il a été victime et martyr de la montée au pouvoir d’une Afrique Kaki « bien massée » dans les exactions héritées des casernes. Cette situation a forgé en lui une source importante dans son imaginaire d’écriture. C’est cette expérience personnelle qui va lui permettre de donner le ton de la révolte contre les déchirures et tracasseries que vivent nos populations au quotidien. Malgré cette situation de désastre, Pius Ngandu Nkashama propose de marcher sur les sentiers d’espoir, les terres de vie retrouvée pour tous.

Boniface BEYA NGINDU

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