DE BERLIN À NAIROBI : LA CONTINUITÉ DU COMPLOT CONTRE LA RDC
Tous ceux de ma génération se souviennent de la chanson « Nakei na Nairobi », qui se traduit par « Je m’en vais à Nairobi », interprétée par la célèbre chanteuse Marie-Claire Mboyo Moseka, connue sous le nom de scène Mbilia Bel, et composée par le regretté Tabu Ley Rochereau sur l’album « Keyna et Cadence Mudanda ».
Ce tube, sorti en 1983, évoque un voyage au Kenya pour retrouver et ramener à la maison un être cher.
Depuis quelque temps, force est de constater que les dossiers les plus sensibles de la RDC sont traités au Kenya, précisément à Nairobi.
Ce constat nous pousse à remonter le temps, tant il donne l’impression que l’histoire se répète, mais d’une manière révoltante, pour ne pas dire répugnante.
Je suppose que tout le monde connaît l’histoire de la création de l’État Indépendant du Congo (EIC), bien personnel du roi des Belges Léopold II.
La Conférence de Berlin, abusivement appelée ainsi car il s’agissait avant tout d’une « conférence sur le Congo », marqua le partage de l’Afrique et la séparation des familles, des tribus et des clans par des frontières coloniales arbitraires.
Présidée par Otto von Bismarck, cette conférence visait à organiser le partage de l’Afrique « pacifiquement » et à définir les conditions d’occupation des territoires, tout en garantissant la liberté de commerce et de navigation sur les fleuves Congo et Niger.
Le grand bénéficiaire de cette fameuse conférence fut sans conteste Léopold II, qui réussit à manipuler les puissances européennes pour obtenir le contrôle personnel du bassin du Congo.
La différence entre Nairobi et Berlin, c’est qu’à l’époque aucun Africain n’avait été invité, alors qu’aujourd’hui, ce sont des Africains eux-mêmes qui participent à la balkanisation de la RDC.
Les frontières dessinées en 1885 avaient ignoré les réalités ethniques, culturelles et historiques locales ; aujourd’hui, c’est notre propre élite politique qui trahit ces réalités pour des intérêts personnels.
Chronologie des accords conclus à Nairobi impliquant la RDC :
1. Accords de décembre 2013 :Ces accords, clôturant le « processus de Kampala », ont été signés à Nairobi et visaient à mettre fin au conflit entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23.
2. Conclave des chefs d’État en 2022 : Dans le cadre de la crise à l’Est de la RDC, un conclave s’est tenu à Nairobi en juin 2022. Les dirigeants régionaux y ont remercié Félix Tshisekedi pour sa « détermination » à résoudre la crise sécuritaire.
3. Processus de Nairobi (2022) : Des négociations se sont tenues entre le gouvernement congolais et des groupes armés de l’Est, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
4. Déclaration de Nairobi (2023) : En septembre 2023, les nations africaines ont adopté à Nairobi une déclaration sur le changement climatique lors du Sommet africain sur le climat.
5. Déclaration de Nairobi (2024) : En mai 2024, une autre déclaration a été signée dans le cadre du Sommet africain sur les engrais et la santé des sols, censée stimuler la productivité agricole.
Après ces multiples accords dont aucun n’a réellement bénéficié à la RDC , vint celui signé entre Félix Tshisekedi Tshilombo et Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi.
Cet accord, conclu le 23 novembre 2018 à Nairobi, fut déterminant pour l’élection présidentielle de décembre 2018. Mais les relations entre les deux hommes ont depuis connu bien des soubresauts.
Puis vint celui de Corneille Nangaa, ancien président de la CENI, passé à la trahison :
le 15 décembre 2023, soit cinq jours avant les élections, Nangaa signait à Nairobi un accord avec le M23 et neuf autres groupes armés, formant une alliance politico-militaire soi-disant destinée à réaliser « l’unité nationale et la stabilité » en RDC.
Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on apprend que l’ancien président Joseph Kabila, de son vrai nom Kanambe, devenu sénateur à vie, a choisi Nairobi pour réunir des opposants ou plutôt des frustrés et des aigris du régime actuel dans un conclave à huis clos.
Voilà pourquoi je compare Nairobi à Berlin.
La ressemblance est frappante : des accords conclus ailleurs pour décider du sort du Congo, sans le peuple congolais.
Nul n’ignore que, dans la chanson Nakei na Nairobi, la solution ne venait pas de Nairobi : la solution venait de Kinshasa.
Car la bonne samaritaine y allait seulement pour ramener son amie à la maison. Voilà la leçon morale à retenir : le salut du Congo ne viendra ni de Nairobi ni d’ailleurs, mais de Kinshasa, du Congo lui-même.
Voilà pourquoi j’ai toujours dit que Sa Majesté le Prophète Joseph Mukungubila avait eu tort d’avoir raison.
Dans l’une de ses deux lettres ouvertes des 5 et 28 décembre 2013, Il s’était vivement opposé, allant jusqu’à fustiger la signature de Nairobi malgré sa mise en garde.
C’est même l’une des causes pour lesquelles il a été attaqué dans sa résidence de Lubumbashi, attaque qui a conduit au carnage du 30 décembre 2013.
Il ne faut jamais mépriser les propos de l’envoyé de Dieu, car cela est dangereux.
Souvenez-vous de la Méprise trop dangereuse !
À bon entendeur !
Par: Mingiedi Mbala N’zeteke Charlie Jephthé
Activiste, Penseur et Notable de Madimba
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