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La transition délicate vers la sous-traitance nationale: Une analyse critique des mesures prises par l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP)

Depuis la semaine dernière, le différend entre l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) et la société belgo-indienne Trade Foreign Freight Forward, également connue sous le nom de TCFF, a fait les gros titres de l’actualité économique du pays. Les autorités congolaises ont menacé de fermer la mine d’or Kibali Gold Mine en raison de cas de fraude liés à la sous-traitance. Selon ces autorités, le géant minier africain aurait confié 90% de ses contrats de sous-traitance à une entreprise belgo-indienne qui exigeait ensuite des commissions des entreprises congolaises sous-traitantes. Cela va à l’encontre de la loi congolaise qui exige que les entreprises congolaises détiennent au moins 51% des parts dans les sociétés de sous-traitance. Après des discussions avec les autorités, Kibali Gold Mine s’est engagée à augmenter le volume des marchés au profit des sociétés congolaises.

Cette affaire a suscité de nombreuses réactions et dans les lignes qui suivent, nous développons notre point de vue.

Une décision précipitée

Bien que l’initiative de l’ARSP soit louable dans la mesure où elle vise à promouvoir les entrepreneurs et l’actionnariat congolais afin de créer des “millionnaires”, il est indéniable que cette mesure manque de préparation. Il aurait été essentiel que les autorités prennent des mesures préparatoires pour garantir une transition en douceur dans la régulation de la sous-traitance. Il aurait fallu prendre en compte le fait que les entrepreneurs congolais ne sont peut-être pas encore prêts à remplacer les sociétés étrangères, du moins pour certains types d’opérations commerciales. C’est à ce niveau qu’une préparation adéquate et un accompagnement sont nécessaires pour permettre aux entrepreneurs locaux de développer leurs compétences.

Cette responsabilité incombe non seulement à Barrick, l’opérateur de Kibali Gold Mine, mais également à l’État, qui doit s’assurer que les entrepreneurs locaux sont en mesure de répondre aux exigences et de respecter les normes requises. Un programme avec un plan d’action clair aurait été indispensable pour garantir une transition en douceur.

Il serait irréaliste de demander à Kibali Gold Mine de révoquer immédiatement ses sous-traitants étrangers et de les remplacer par des entreprises nationales qui ne semblent pas encore suffisamment être développées. Cela pourrait conduire à la fermeture de cette mine d’envergure. Cependant, il est important de reconnaître les efforts déployés par Kibali Gold Mine pour permettre aux entrepreneurs locaux d’acquérir l’expérience qui leur fait cruellement défaut.

Bien que la loi vise à donner aux entreprises congolaises le monopole de la sous-traitance, les politiques ne font pas suffisamment d’efforts pour encadrer les entreprises locales par le biais de partenariats avec des entreprises étrangères expérimentées. Il y a une crainte que les mêmes entreprises étrangères s’impliquent indirectement avec la bénédiction des politiciens. Les patrouilles de contrôle de l’ARSP pourraient donc ressembler davantage à une création de marchés pour les politiciens, au détriment des jeunes entrepreneurs locaux qui pourraient être désillusionnés.

Afin d’éviter la création d’une nouvelle classe politique bourgeoise, il est essentiel d’appliquer progressivement la loi sur la sous-traitance. L’État devrait accorder un moratoire pour le retrait des entreprises étrangères et établir une liste d’entreprises ou de groupements d’entrepreneurs locaux bénéficiant d’un accompagnement pendant le processus de transition. Un peu d’humilité serait bénéfique si l’État reconnaissait que les entrepreneurs congolais ne sont pas encore au niveau des affaires internationales et des technologies de pointe, comme en témoigne récemment l’attribution de contrats à des entreprises étrangères pour la fabrication de machines à voter ou l’impression des passeports congolais, pour ne citer que quelques exemples.

Il est vrai que les Congolais ont échoué dans la gestion de certaines entreprises nationales telles que Congo Airways, la Société Nationale d’Électricité (SNEL) ou la REGIDESO qui connaissent des difficultés. Il est donc peu probable que les nationaux puissent maîtriser en 72 heures la gestion de la chaîne d’approvisionnement d’une grande mine comme Kibali Gold Mine. Cependant, cela ne signifie pas que les Congolais ne sont pas capables. Une préparation adéquate est nécessaire, à moins que l’objectif de l’État soit de perturber les stocks de matières premières, ce qui pourrait être fatal pour certaines multinationales opérant dans l’industrie extractive.

Entre aspirations nationales et réalités économiques

Plusieurs questions se posent : les entreprises nationales sont-elles en mesure de prendre le relais des sociétés étrangères ? Ont-elles les capitaux nécessaires ? Le cadre légal et politique du pays permettra-t-il la fluidité des opérations commerciales ?

Bien que nos opérateurs économiques locaux soient capables de négocier des affaires, il existe un risque de revanche politique et bilatérale qui pourrait compliquer les approvisionnements dans les pays voisins. De plus, la plupart de nos opérateurs économiques ne sont pas certifiés dans les zones d’échange UMOA, CDEAO, SADEC, etc.

Il est crucial de réfléchir soigneusement à toutes ces mesures afin d’éviter des arrêts de production dans les industries minières en raison de problèmes d’approvisionnement, ce qui aurait des conséquences graves pour les communautés locales. Les politiciens ont peut-être bien compris qu’il s’agit d’une affaire qui les concerne. Ils pourraient tout faire pour bloquer Kibali Gold Mine, tout en sachant que nos entrepreneurs ne peuvent pas encore réussir à 100%. Dans ce scénario, ils pourraient négocier des contrats avec les mêmes entreprises étrangères, mais en utilisant des entreprises congolaises comme façade.

SCOOP RDC

 

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