Échéances 2023: Katumbi a peur!
Omerta brisée, plan de jeu dévoilé ! Le Chairman du TP Mazembe, Moise Katumbi Chapwe, tire son deuxième penalty dans le match politique pré-2023 à travers une interview exclusive accordée au Magazine Jeune Afrique. Le premier, chronique d’un dribble raté, était assurément le lobbying discret effectué à coup de dollars aux USA pour tenter d’amadouer l’administration Biden afin de s’attirer les bonnes grâces de la maison Blanche pour se mettre en pole position. Pendant qu’encre et salive coulent sur les effets du french talk de l’homme de Kashobwe, la bonne compréhension du langage politique de ses dits et non-dits révèle une simple vérité : Katumbi a peur. De quoi? De qui? Quelles sont ses stratagèmes pour se sortir de cette torpeur? Va-t-il y parvenir? Quels coups cachent-ils? Décryptage.
Éternel candidat à la présidentielle depuis qu’il a goûté aux bonheurs du pouvoir Exécutif à la tête de l’Ex Katanga, Moïse Katumbi, c’est un secret de polichinelle, est annoncé pour 2023 malgré que l’homme soit de l’Union Sacrée en ce moment et est présent à travers Ensemble pour la République, sa formation politique, au Gouvernement Sama Lukonde sous cette présidence de Félix Tshisekedi. Au cours de l’interview Jeune Afrique, il ne s’en cache pas, le grand responsable devant le peuple en 2023 s’appelle Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dont il n’a pas, à l’instar de Modeste Bahati de l’AFDC et Alliés, soutenu la candidature à la course à la prochaine présidentielle.
S’il sort la carte de la prudence quant à la confirmation de sa propre candidature dans le décor politique actuel, Moïse Katumbi Chapwe joue surtout, il faut le noter, la montre misant sur le poids politique d’Ensemble ainsi que son carnet d’adresses pour tenter et voir comment exorciser ses peurs d’ici 2023. Lesquelles?
Primo
À lire et relire l’interview JA de Katumbi il appert que l’homme dévoile une chose inattendue qu’il faille épingler d’entame : la peur de voir la justice fouiner dans le passé, précisément le sien alors qu’il était à la tête du Grand Katanga prospère sous le Président Kabila. En effet, d’aucuns seraient d’avis qu’il devait se montrer plus réservé sur une question, celle de la justice poursuivant les auteurs des crimes présumés, économiques et autres, au risque d’en dire trop est d’attirer ainsi l’attention sur lui et sa gestion d’antan. L’opinion se souvient pertinemment bien encore entre autres des longues lettres de Jean Claude Muyambo, président de la SCODE, dévoilant des pans entiers des méfaits présumés lui attribués précisément en septembre 2015. Et, le placard pourrait encore regorger de bien d’autres cadavres sur lesquels le regard de la justice ne serait souhaité au label ‘’Ensemble’’ quitte à, in tempore suspecto, recourir à la sempiternelle panacée : la politisation de la justice.
Secundo, les 2 patates chaudes
La loi Tshiani et la problématique de la CENI. Moïse Katumbi en fait une question de vie ou de mort de son rêve politique de la décennie : devenir Président de la République Démocratique du Congo. Oui. Il désigne sans froid aux yeux ces deux points comme des lignes rouges à ne pas dépasser. Une sorte d’avertissement à ses partenaires politiques de l’Union Sacrée sur fond de menace de quitter le navire lui et ses élus d’Ensemble pour la République. Dieu seul sait si les Ministres nommés sur les couleurs d’Ensemble feront goûter au pays post-alternance un G7 bis. Soit!
Notez un fait : Katumbi dévoile par ses propos assumés à travers l’interview qu’il a peur. Peur d’être mis hors course pour la présidentielle 2023 si le projet de loi de verrouillage des postes de hautes fonctions, la présidence y compris, passait en RDC. Au sujet de la CENI, Katumbi communie à la messe du duo CENCO-ECC et dit volontiers Amen à leur homélie sur les intentions supposées des tiers d’imposer Kadima, cet autre Nangaa, cet autre Ngoy Mulunda, cet autre Malu Malu, selon eux, à la tête de la CENI. Et, aucun péché n’est à exclure pour stopper cela même jusqu’à menacer l’institution Parlement. Pour bien prendre la température des choses, il faut saisir que le fait seul de la programmation pour débat du projet de loi Tshiani à l’Assemblée nationale constituera la goutte de trop causant la déconfiture de l’Union Sacrée telle que connue à ce jour. Avant ce divorce probable ou incertain, n’y a-t-il pas déjà séparation des corps entre partenaires politiques en couple à l’USN? L’interrogation mérite d’être posée. Passons.
Empathie pour la sympathie, la tactique?
Dans un contexte international où la communauté » internationale » les USA en tête est favorable, grâce notamment à l’activisme d’un Mike Hammer aka Nzita, au Président Félix Tshisekedi à l’aube de 2023, et face à la persistance des dossiers qui lui insuffle une sorte de ‘’ peur du lendemain’’, Moïse Katumbi n’a pas manqué de saisir l’opportunité de son interview pour sortir le jeu : empathie pour la sympathie avec les forces politiques internes. C’est sous cet œil que plusieurs décortiquent certains passages de ses propos. D’abord sur les déboires de ses anciens camarades de l’ère Kabila. Ensuite, sur son ouverture à tous Kabila y compris. Puis, ses clins d’œil à Vital Kamerhe, monstre sacré du Grand Kivu et » allié » frustré du Président Félix Tshisekedi, ainsi qu’à Matata Ponyo Mapon, l’homme à la cravate rouge, digne fils du Maniema, tourmenté par une saga judiciaire qui n’a livré à ce jour ni dernière pièce ni dernier mot. L’on notera que si MK n’a rien dit de doux sur Jean-Pierre Bemba, rien n’indique qu’en sourdine il lui caresse déjà la patte. La plaidoirie pour le trio Katangais Numbi-Kalev-Ngoy Mulunda aura été le signal codé le plus déchiffrable de son speech pour qui sait lire entre les lignes.
KKK-M…, sa solution?
Moult analystes annonçaient depuis des lustres l’union mode boys band de Katumbi qui chercherait à s’allier à Kabila afin de réunir le Grand Katanga puis l’alliance avec un Kamerhe frustré du Grand Kivu ainsi la roue continuerait vers l’Ex PM du Maniema, Matata Ponyo. Cela, dans le but de faire face en 2023 au Président Félix Tshisekedi qui a déjà manifesté sa volonté de rempiler en sachant qu’il aura fort à faire au bloc Bandundu-Kongo Central avec Martin Fayulu et que Bemba (Equateur) reste le tiers élément à identifier. Face à la peur de n’avoir pas le soutien de la communauté internationale, l’avenir dira si Moïse Katumbi trace déjà ce chemin et s’il y arrivera lui que Kabila nommé Judas va-t-il réussir cet exploit sans récidiver ? Rideaux, le rendez-vous est pris avec l’avenir.
Danny Ngubaa
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