La campagne n’a pas encore commencé. Mais les allures que prennent les débats dans les médias et dans les réseaux sociaux, donnent lieu à une campagne précoce. N’en déplaise le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication. Surtout lors du dépôt des candidatures où la presse accréditée à la Centrale électorale a, lorsqu’elle a tendu les micros aux futurs challengers à présidentielle du 20 décembre prochain, a reçu des réponses des programmes des candidats, des diatribes et invectives en direction des potentiels adversaires.
Trois candidats ou quatre, ont déjà ouvert le feu de la polémique à la kinoiserie. Il s’agit du candidat Félix Tshisekedi qui s’est farouchement lancé contre Dr Mukwege au sujet de son thème de campagne sur ‘’l’introduction de la notion du genre et de l’inclusion’’, considérée comme une campagne en faveur des LGBT2+ qui gagne l’actualité ces jours en Europe où l’orientation sexuelle est enseignée même aux enfants de moins de dix ans. En séjour à Lualaba, le candidat Tshisekedi a également attaqué celui qui a détruit la SNCC, l’ancien Gouverneur du Katanga, également candidat, Moiise Katumbi Chapwe dont l’équipe n’a pas tardé de réagir par un reportage mené à l’époque par le chargé de Communication, Nono N’Landu sur la SNCC.
Cette allure du candidat Félix Tshisekedi a tendance à ce jour, de mettre du sable dans le rix de la campagne, au point où l’on risque d’assister aux diatribes, aux quolibets et polémiques à la kinoise. Ce qui va empêcher un débat d’idées, de programmes de gouvernance ou des politiques publiques devant permettre aux électeurs de choisir tel ou tel autre candidat.
‘’En effet, la réaction du Président Félix-Antoine Tshisekedi au thème de la campagne de Dr Denis Mukwege a été autant maladroite que la réplique de celui-ci. Le candidat Félix-Tshisekedi devra se mettre en tête qu’il n’est pas candidat comme tout le monde. Il reste Président de la République, Président de tous les autres candidats. A ce titre, il est Chef de l’Etat, devant assurer la sécurité à tous les autres candidats. Il reste l’homologue des autres Présidents et Chefs d’Etat de pays étrangers dont Emmanuel Macron qui prêchent pour la chapelle des LGBT2+’’, a réagi un internaute qui aurait souhaité que ce rôle soit laissé à ses communicateurs.
Et cela devrait être traduit dans son comportement autant maintenant que lors de la campagne.
Au discours de Dr Mukweke d’introduire la notion du genre et de l’inclusion de tous dans la société que les avertis ont vite compris, qu’il s’agissait de la campagne pour l’introduction des LGBT en RDC, le Président y est revenu annonçant pratiquement une campagne électorale chaude, show, short et tcho. Chaude surtout lorsque Dr Mukwege, s’adressant à ceux de qui il a reçu la mission déclare :’’ Pour renforcer la cohésion nationale, il faudra créer les conditions d’une société « INCLUSIVE » dans laquelle sont garantis les droits, l’intégrité, la dignité de chaque citoyen. Que chaque citoyen se sente chez lui au Congo. Et nous devons introduire la notion du genre dans cette intégration’’.
En réaction à ce message de Dr Denis Mukwege, le candidat à sa propre succession, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a déclaré : ‘’Voilà en quoi tient mon programme. C’est en ce trois lettres : RDC, comme République Démocratique du Congo ; mais RDC aussi, comme Renaissance, Développement et remontada’’, a-t-il déclaré, avant de mettre en garde la population congolaise contre les candidatures de l’étranger : ‘’…je voudrais à travers vous, mettre notre population en garde, face aux candidats de l’étranger. J’ai parlé de notre envie, notre ambition, de venir indépendant sur le plan économique. Ça ne plait pas aux étrangers. Et donc, ces étrangers vont fabriquer des candidats. Ces candidats vont venir vous parler. Congolaises et Congolais, faites très attention’’, a lancé Félix Tshisekedi, avant de rassurer la population : ‘’Ne craignez rien. Parce que vous, vous êtes les plus forts. Le peuple a toujours raison. Et donc, ces candidats vous les reconnaitrez à leur langage. Ils vont vous amener des concepts venus d’ailleurs. On a entendu des gens parler de la notion du genre. Au Congo, nous n’avons pas le problème d’orientation sexuelle. Vous reconnaitrez ces gens-là. Lorsque leurs parrains vont leur donner un mot d’ordre pour se réunir, se mettre ensemble pour devenir plus forts. Mais ils vont se tromper. Ils ne sont pas plus forts. C’est notre peuple qui est le plus fort’’, a indiqué Félix-Antoine TshisekedI.
Avant de clore son propos, il va s’adresser à l’étranger : ‘’Voilà pourquoi je dis à l’étranger, qu’il est temps de laisser tomber cette politique du passé qui consiste à soutenir des pantins et de penser les faire élire contre la volonté du peuple. Vous devriez rester vigilants jusqu’au bout’’, a-t-il conclu son message.
En réaction au Président Tshisekedi, Dr Mukwege ne va pas par le dos de la cuillère pour emboiter les pas aux polémiques à la kinoise. La réplique est cinglante, quoique tapant à côté : ‘’Ce sont des déclarations graves populistes qui n’aident pas à la construction d’une nation où les gens vivent en cohésion. Et je trouve que c’est triste. Moi je suis au Congo depuis 40 ans que je suis avec la population congolaise. J’ai construit des écoles en fabriquant des briques avec cette population. J’ai été chercher de l’eau à la rivière pour faire des pavements des centres de santé avec cette même population. On a été avec cette population dans toutes les difficultés. On a cultivé avec eux. Je les ai appris(sic) comme elles (sic) peuvent élever des poules, des chèvres pour subvenir à leurs besoins en santé. J’ai fait ça pendant 40 ans avec la population congolaise en République Démocratique du Congo’’, a-t-il lancé, avant de tacler Félix Tshisekedi sans le citer : ‘’J’ai toujours travaillé avec mes mains, avec ma tête en République Démocratique du Congo et c’est malheureux, des gens qui vivent en Europe, qui vivent avec les subventions de l’assistance sociale de l’Europe, qui n’ont pas d’adresses au Congo. Ils ont peut-être l’adresse de leur père. Mais on ne connait pas leur adresse physique au Congo qui puissent me traiter moi qui vis au Congo d’être le candidat des Blancs. Je crois que le contraire serait vrai. Toute ma famille vit avec moi au Congo. Mes enfants ont étudié dans les écoles congolaises, les universités congolaises. Eh ben, il faudrait qu’ils revoient un peu leurs discours par rapport à moi. Je suis le plus Congolais de tous’’
Et là, il n’y a que le CSAC, par ses directives, qui peut remettre tous les candidats en ordre, allant du Président de la République aux autres pour nous permettre de suivre les programmes et opérer un bon choix qui nous permettra de les juger à l’œuvre.
Prunelle Luzitu
